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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE IV.DES LIEUX DU SAVOIRGoethe évoque ici la camera obscura, autre moyen pour penser le lien entre paysageet représentation, mais aussi entre technique des médias (Medientechnik) et techniquemnémotechnique (Mnemotechnik). L’évocation de cet objet technique ne me paraîtpas anodine 1 . On pense évidemment aux travaux sur l’optique et les couleurs surlesquels Goethe travaille parallèlement à la rédaction du roman. Il a lui-même eu recoursà cette technique pour dessiner. La chambre noire est en effet pratiquée depuis leX e siècle par les peintres pour copier des paysages ou des portraits mais aussi par lesscientifiques et philosophes pour expliquer la vision et plus largement la connaissancehumaine du monde – on pense en particulier à Locke 2 . Au début du XIX e siècle, pourreprendre la thèse de Jonathan Crary, une rupture se produit avec les modèles classiquesde la vision et de l’observation dont la chambre noire est le support 3 . Pour Crary « lavision s’arrache à la stabilité et à la fixité des rapports incarnés par la chambre noire » 4 .Le sujet observant du XIX e siècle ne se fie plus aux « garanties d’autorité, d’identité etd’universalité » que donne cette technique 5 . A la chambre noire se substitue une « visionsubjective » qui soustrait l’image à son référent externe et situe l’expérience visuelledans le corps d’un observateur autonome. Le regard cadré par la chambre noirs’oppose en ce sens au regard panoramique, d’en haut ou par la fenêtre que l’on a analyséplus haut 6 . Goethe – comme le montre très clairement Crary – annonce ainsi « le dérèglement,la négation de la chambre noire à la fois comme système optique et commeimage épistémologique » comme en témoigne un passage du Traité des couleurs, danssa partie didactique, qui débute avec une « chambre obscure » abandonnée par la suite :1 Cf. Hörisch, J., "Die Dekonstruktion der Sprache und der Advent neuer Medien in Goethes "Wahlverwandtschaften"",Merkur, 52, n° 9, 1998, pp. 826-839.2 Cf. Hörisch, J., Eine Geschichte der Medien. Vom Urknall zum Internet, Suhrkamp, 2004, p. 244 sq.Locke écrit : « Car, à mon avis, l’entendement ne ressemble pas mal à un cabinet entièrement obscur, quin’aurait que quelques petites ouvertures pour laisser entrer par dehors les images extérieures et visibles,ou, pour ainsi dire, les idées des choses : de sorte que si ces images venant à se peindre dans ce décorobscur, pouvaient y rester, et y être placées en ordre, en sorte qu’on pût les trouver dans l’occasion, il yaurait une grande ressemblance entre ce cabinet et l’entendement humain. » Cité d’après Crary, L'art del'observateur: vision et modernité au XIXe siècle , p. 74 ; voir aussi, p. 117.3 Crary, L'art de l'observateur: vision et modernité au XIXe siècle.4 Ibid., p. 37.5 Ibid., p. 51.6 Cf. à propos de la vue cadrée Langen, A., Anschauungsformen in der deutschen Dichtung des 18. Jahrhunderts.Rahmenschau und Rationalismus, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1968.263

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