12.07.2015 Views

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

HILDEGARD HABERL. ECRITURE ENCYCLOPEDIQUE, ECRITURE ROMANESQUEde Madame Bovary en 1857 1 . On le sait, <strong>Flaubert</strong> fut accusé de ne pas avoir porté dejugement sur le comportement d’Emma, qui non seulement trompe son mari, maiss’empoisonne à la fin du roman. Dans ce cas comme dans celui de Werther, les critiquesfurent surpris par un procédé narratif inhabituel et par l’absence de commentaire moralchez le narrateur, dans une confusion entre l’esthétique et l’éthique. <strong>Flaubert</strong> écrit à cepropos à George Sand, 6 février 1876 :Quant à laisser voir mon opinion personnelle sur les gens que je mets enscène, non, non ! mille fois non ! Je ne m’en reconnais pas le droit. Si le lecteurne tire pas d’un livre la moralité qui doit s’y trouver, c’est que le lecteurest un imbécile ou que le livre est faux au point de vue de l’exactitude. Cardu moment qu’une chose est Vraie, elle est bonne. Les livres obscènes nesont même immoraux que parce qu’ils manquent de vérité. Ça ne se passepas « comme ça » dans la vie. (Corr. V, p. 12)S’appuyant entre autres sur le travail d’Yvan Leclerc, Dagmar Giersberg a analyséet comparé en détail les arguments mobilisés au cours des deux controverses 2 . Ellea constaté que la défense de <strong>Flaubert</strong> s’est comportée d’une manière comparable à cellede Goethe. Senard, l’avocat de <strong>Flaubert</strong>, s’est même servi à plusieurs reprises del’écrivain allemand comme modèle lors du procès à Madame Bovary – ou plus précisémentà la Revue de Paris 3 . Dans une lettre à Louis Bonenfant, <strong>Flaubert</strong> se juge luimêmeplutôt « moral » :Je trouve, moi, que je suis très moral et que je mérite le prix Montyon, car ildécoule de ce roman un enseignement clair, et si « la mère ne peut en permettrela lecture à sa fille », je crois que bien des maris ne feraient pas mald’en permettre la lecture à leur épouse. Je t’avouerai, du reste, que tout celam’est parfaitement indifférent. La morale de l’Art consiste dans sa beautémême, et j’estime par-dessus tout d’abord le style, et ensuite le Vrai. (<strong>Flaubert</strong>à Louis Bonenfant, le 12 décembre 1856, Corr. II, p. 652)1 Voir à propos de ce procès : Leclerc, Crimes écrits, la littérature en procès.2 Cf. Giersberg, "Je comprends les Werther", p. 183 sq ; Leclerc, Crimes écrits, la littérature en procès.3 Cf. Giersberg, "Je comprends les Werther", p. 196. Elle cite comme exemple la réaction de Sénard quise sert de Goethe et de Shakespeare pour défendre le fait que <strong>Flaubert</strong> ait interrompu la scène de mort etde l’extrême-onction d’Emma d’une chanson venant de la rue : « Mon Dieu ! vous trouvez qu’il y a là unoutrage ; mais M. <strong>Flaubert</strong> ne fait que ce qu’ont fait Shakespeare et Goethe, qui, à l’instant suprême de lamort, ne manquent pas de faire entendre quelque chant, soit de plainte, soit de raillerie, qui rappelle àcelui qui s’en va dans l’éternité quelque plaisir dont il ne jouira plus, ou quelque faute à expier. »196

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!