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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE V. LES FIGURES DU SUJET CONNAISSANTd’indications sur cette institution, mais on sait qu’il s’agit d’un établissement laïc dirigépar une femme que Goethe ne nomme que par le titre de sa fonction – la directrice(Vorsteherin). Elle est assistée par un jeune pédagogue (Gehülfe) dont on ne sait pasnon plus le nom. Il est censé se préparer à prendre la direction de la pension lorsque sapatronne se retirera.Si Luciane et Ottilie reçoivent la même formation, elles n’apprennent pas de lamême manière. L’une des particularités des deux personnages est que le lecteur découvreleur caractère à travers les récits que d’autres personnes font sur elles : c’estd’abord le rapport que Charlotte fait à Edouard au début du roman ; ce sont ensuite lesdocuments et lettres insérés dans le récit que la Directrice de la pension et son assistantenvoient au couple. Autrement dit, le narrateur les présente dans un premier temps àtravers des descriptions rapportées et seulement ensuite de manière directe : elles sontobjet d’un discours avant d’être elles-mêmes des sujets actifs du récit 1 . Au début duroman Charlotte explique ainsi à Edouard :Quel contraste avec ma fille Lucienne, qui est née pur le monde et s’y formepour le monde ! Elle apprend des langues, l’histoire et autres connaissances ;elle déchiffre et joue notes et variations ; avec sa vivacité naturelle et sonheureuse mémoire on peut bien dire qu’elle oublie tout et qu’à chaque instantelle se rappelle tout ; par l’aisance de ses manières, la grâce de sa danse,la vivacité et le bon ton de sa conversation, elle se distingue entre toutes et,par suite d’une tendance innée à la domination, devient la reine du groupe ;la directrice de l’établissement la considère comme une petite déesse, quientre ses mains peut maintenant se développer à souhait, qui lui fera honneuret lui vaudra, avec la confiance générale, l’afflux d’autres jeunes personnes ;les premières pages de ses lettres et de ses bulletins mensuels ne sont quedes hymnes et de louanges sur l’excellence d’une telle enfant, hymnes que jesais fort bien traduire dans ma prose à moi. Par contre, ce qu’elle ajoute ausujet d’Odile, n’est jamais qu’excuse sur excuse : cette jeune fille, quid’ailleurs croît en beauté, ne parvient pas, dit-elle, à se développer, à montrerquelque aptitude ou quelque talent. Le peu qu’elle ajoute encore n’estpas non plus pour moi une énigme, car je découvre dans cette chère enfanttout le caractère de sa mère, mon amie la plus estimée, qui s’est développéeà mes côtés ; et certainement, si je pouvais diriger ou surveiller son éducation,je ferais de sa fille une créature magnifique. (AE, p. 49) 21 Cf. AE, 1 ère partie, Chapitre III, « Billet de la directrice » et « Notice du professeur » ; Chapitre V,« Lettre de la directrice » et « Lettre du professeur ».2 « Wenn Luciane, meine Tochter, die für die Welt geboren ist, sich dort für die Welt bildet, wenn sieSprachen, Geschichtliches und was sonst von Kenntnissen ihr mitgeteilt wird, sowie ihre Noten und Variationenvom Blatte wegspielt ; wenn bei einer lebhaften Natur und bei einem glücklichen Gedächtnis sie,man möchte wohl sagen, alles vergisst und im Augenblicke sich an alles erinnert ; wenn sie durch Freiheit321

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