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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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HILDEGARD HABERL. ECRITURE ENCYCLOPEDIQUE, ECRITURE ROMANESQUEétudes (réception) et transmission du savoir (application) 1 . Mais cette dynamique n’estpas toujours suivie de succès. C’est ce point qui m’intéresse tout particulièrement. Enexaminant les figures du savoir, je veux mettre en évidence le contraste entre l’idéal del’enseignement comme projet culturel fondé sur un savoir encyclopédique, et son échec.Les romans qui m’intéressent ici se caractérisent par un scepticisme qui met en questionl’idée que l’homme est perfectible et l’espoir d’arriver à son élévation par l’éducation.Dans la perspective des Lumières, la Bildung est supposée à terme devenir accessible aupeuple dans son ensemble et non plus seulement à une petite élite lettrée. Elle devientpar là « un modèle inclusif » et répond à la réforme d’une société jusque là organiséehiérarchiquement 2 . Des romanciers comme Goethe et <strong>Flaubert</strong> doutent de ce projet culturelet plus largement de l’idée que le savoir rendrait les humains meilleurs ou plusheureux. Ils montrent au contraire « la corruptibilité » du savoir et les relations complexeset parfois problématiques entre individu et société dans le domaine del’éducation. Ils reflètent en cela l’évolution des manières d’aborder le problème del’enseignement au XIX e siècle. Si le XVIII e siècle élabore la question de l’éducation etde la pédagogie surtout d’un point de vue philosophique, le XIX e siècle en fait unequestion politique et institutionnelle, avec en particulier la mise en œuvre progressive del’école obligatoire et de façon plus générale les législations sur l’institution scolaire. Ledéveloppement et la généralisation du projet conduisent cependant également au constatde ses limites, de sa perversion par l’institution et la politique, et à la désillusion. Vers lafin du siècle, le scepticisme envers les bienfaits de l’éducation devient ainsi plus sensibleencore. L’historienne de l’école Mona Ozouf écrit à propos de Bouvard et Pécuchet:C’est enfin que, en misant sur l’éducation et sur la vie améliorée par l’école,ils [Bouvard et Pécuchet] participent l’un et l’autre de la foi utopique dusiècle : qu’avant de vivre il faut savoir, que rien n’est naturel, que tout estculturel, qu’il n’y a pas de mal congénital. Si bien que leur échec – l’échecbien sûr est programmé – porte témoignage sur l’échec du siècle tout entier. 31 Cf. Scholler, Umzug nach Encyclopaedia.2 Pethes, N., ""Und nun, ihr Pädagogen - beobachtet, schreibt!" Zur doppelten Funktion der Medien imDiskurs über Erziehung und Bildung im 18. Jahrhundert", in E. Geulen et N. Pethes (dir.), Jenseits vonUtopie und Entlarvung. Kulturwissenschaftliche Untersuchungen zum Erziehungsdiskurs der Moderne,Freiburg i. Br./Berlin/Wien, Rombach Verlag, 2007, pp. 49-67, ici p. 51.3 Ozouf, M., Les aveux du roman, Paris, Gallimard, 2001, p. 231.300

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