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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE V. LES FIGURES DU SUJET CONNAISSANTsociations d’idées, qui les conduit à chercher le contact avec une série de personnes oude lieux clefs. S’ils peinent à construire une cohérence dans les savoirs auxquels ils seconfrontent, ils développent néanmoins une intelligence de la situation, qui les conduit àune rupture à l’égard de leur milieu : à la fin du chapitre ils énoncent leur phobie pour lavie de bureau et n’hésitent pas à trouver leurs collègues « stupides » (BP, p. 62).Le lieu ultime du savoir est pour Bouvard et Pécuchet l’idylle de Chavignolles, àlaquelle ils peuvent prétendre grâce à l’héritage inattendu de Bouvard et où leur parcoursencyclopédique peut véritablement commencer. On a vu dans le chapitre précédentcomment <strong>Flaubert</strong> détourne les motifs du jardin et du paysage. De façon plus généralec’est tout le projet social du savoir que cette retraite met en cause. L’intelligencenouvelle des deux héros ne leur apporte en effet pas seulement du contentement : « Etayant plus d´idées, ils eurent plus de souffrances. » (BP, p. 60) La science ne les aidepas à s’intégrer harmonieusement dans la société, mais elle est pour eux synonyme d’unretrait qui d’une certaine manière culmine au dernier chapitre lorsque – d’après les scénarioslaissés par <strong>Flaubert</strong> – la société de Chavignolles essaie de les exclure en les envoyanten prison à cause du discours qu’ils tiennent lors d’une conférence. Ils auraient« attenté à la Religion, à l’ordre, excité à la Révolte, etc. » (BP, p. 413). Le Préfet vajusqu’à demander au docteur Vaucorbeil « si Bouvard et Pécuchet n’étaient pas des fousdangereux ». (BP, p. 443) Dans cette fin du roman s’exprime ainsi un sentiment pessimisteen ce qui concerne « l’intelligence ». Le savoir et la culture ne sont plus forcementlibérateurs mais aliénants en ce qu’ils poussent qui s’y adonne aux marges de lasociété.Pour compléter cette analyse, on peut se tourner vers l’autre versant del’expérience d’apprentissage des deux héros. Après avoir abondamment joué le rôle del’élève, Bouvard et Pécuchet développent l’envie de transmettre le savoir qu’ils ont accumulé.L’occasion s’y prête au chapitre IX, celui des controverses religieuses et théologiques.Bouvard et Pécuchet rendent visite au Comte de Faverge, chez qui Mme deNoaris amène deux enfants :[…] un gamin d’une douzaine d’années et sa sœur, qui en avait dix peutêtre.Par les trous de leurs guenilles, on voyait leurs membres rouges defroid. L’un était chaussé de vieilles pantoufles, l’autre n’avait plus qu’un sabot.Leurs fronts disparaissaient sous leurs chevelures et ils regardaient autourd’eux avec des prunelles ardentes comme de jeunes loups effarés. (345)341

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