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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE III.FLAUBERT ET L’INSPIRATION GOETHEENNEmoins fouillée, qui demande à être confrontée avec la première partie deWilhelm Meister. 1La première Education sentimentale emprunte de fait aux Annéesd’apprentissage le thème de la jeunesse engagée dans la quête d’une réalisation personnelle.Comme Meister, Jules passe par le milieu et la pratique du théâtre et tombe amoureuxd’une actrice, Lucinde – tandis que son ami Henri tombe lui amoureux d’Emilie, lapropriétaire de son pensionnat. Lucinde est par ailleurs le nom d’un personnage d’unedes nouvelles emboîtées dans les Années de voyage 2 . Goethe évoque également uneLucinde et une Emilie dans un passage de ses mémoires Poésie et vérité. Ce sont lesdeux filles d’un maître de danse auprès de qui il prend des cours à Strasbourg. Attirédavantage par Emilie, la plus jeune, Goethe était cependant aimé de la seconde – on adonc ici encore une fois affaire à une relation d’amour à trois comparable en partie àcelle du Werther. Jean Bruneau pense que <strong>Flaubert</strong> « ne doit rien » à Wilhelm Meisterpour ce qui est du prénom Lucinde, mais qu’il a emprunté les noms de ses deux personnagesà ce passage des mémoires de Goethe 3 . Lucinde est par ailleurs aussi le titre duseul roman de Friedrich Schlegel, paru en 1799, dans lequel il applique sa théorie du« roman absolu » 4 à travers une histoire d’amour entre Lucinde et Julius 5 . Parce que,comme Heinrich von Ofterdingen de Novalis et Les Affinités électives de Goethe, ce1 Degoumois, <strong>Flaubert</strong> à l'école de Goethe, p. 45. La deuxième Education sentimentale emprunte égalementaux Années d’apprentissage de Wilhelm Meister sans que l’on puisse – selon Degoumois – vraimentle montrer : « Dans aucune oeuvre plus que dans ce roman, qui n’a de commun avec celui de 1845 que letitre, <strong>Flaubert</strong> ne s’est tenu plus près de son modèle, sans, pour autant, le copier ou s’en inspirer immédiatement.C’est toute la charpente de l’oeuvre, tous les secrets de construction, tout le style enfin, qui seressentent de l’influence de Goethe. A aucune page, il n’est possible d’identifier un emprunt, de saisir uneréminiscence précise. » Degoumois, <strong>Flaubert</strong> à l'école de Goethe, p. 49.2 « Qui est le traître » (Wer ist der Verräter). Cette nouvelle raconte l’histoire d’un jeune homme (Lucidor)destiné par son père à épouser une fille (Julie) qu’il n’aime pas, parce qu’il préfère sa soeur (Lucinde).Cette désobéissance le tourmente énormément, mais la situation finit par s’arranger : Lucidorpourra vivre avec Lucinde et Julie épousera le voyageur Antoine.3 Bruneau, Les débuts littéraires de <strong>Gustave</strong> <strong>Flaubert</strong>, pp. 399-401.4 Schlegel, F., Fragmente zur Poesie und Literatur. Kritische Friedrich-Schlegel-Ausgabe. II. Abteilung,Schriften aus dem Nachlass. 16. Band, Paderborn; München; Wien, F. Schöningh, 1981, pp. 115-125 ;cf. à ce propos Kilcher, "Mathesis" und "poiesis", p. 97 sq.5 Cf. Engel, M., Der Roman der Goethezeit, Suttgart, 1993a, p. 381 sq. Stefan Keppler-Tasaki a montrérécemment comment Goethe réagit avec sa nouvelle au roman de Schlegel pour le parodier. Keppler-Tasaki, S., "Die doppelte Lucinde. Verdeckte Kriegsführung zwischen Goethe und Friedrich Schlegel",Deutsche Vierteljahresschrift für Literaturwissenschaft und Geistesgeschichte, 3, n° 83, 2009, pp. 375-395. Voir aussi à ce propos Kaminski, N., Kreuz-Gänge. Romanexperimente der deutschen Romantik,Paderborn, München u.a., 2001.171

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