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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE II.L’IDEE ENCYCLOPEDIQUE AUX XVIIIE ET XIXE SIECLESd’intertextualité en acte « d’un type particulier, où ce qui est ‘importé’ est immédiatementtravaillé » 1 . De même s’interrogeant sur le rôle de la classification ou du gesteclassificateur dans le texte Dietrich Scholler souligne que « la première partie du romantraite moins de la classification en tant que tableau résultant d’une activité encyclopédiqueque du geste de classer. […] Au centre se trouve donc plutôt le geste de classercomme processus d’arrangement, de rejet, de nouvel arrangement, aspect qui en règlegénérale n’est pas visible dans l’histoire de l’encyclopédie. […] C’est ce processus dudevenir science en statu nascendi qui est mis en scène dans Bouvard et Pécuchet, avecles protagonistes comme premiers messagers des choses et des mots. » 2A la question de savoir si on peut voir dans Bouvard et Pécuchet une formed’histoire des sciences, Séginger répond par la négative. Elle décrit ce roman commeune succession de « tableaux » : « [L]e passage de l’un à l’autre s’opère par contiguïté.Bouvard et Pécuchet errent dans un espace des savoirs, explorent des continents, ilsparcourent des champs à la recherche d’un lieu d’où une totalisation serait possible, uneIthaque de la pensée où ils pourraient trouver le repos. » 3 Ils ne trouvent pas de reposface à la multiplicité de leurs lectures et face aux contradictions qui en découlent. Ilsn’arrivent pas non plus à développer une autorité, une hiérarchie et une position assurée.Par conséquent ils passent à la collection de ces contradictions et des bêtises qu’ils ontlues et entendues. Par là ils donnent ainsi au projet <strong>romanesque</strong> de <strong>Flaubert</strong> un doublemouvement : non seulement une classification du savoir dans la première partie proprement<strong>romanesque</strong>, mais aussi une collection des fragments d’idées et de styles sur lesavoir dans la seconde. Il y a en effet un paradoxe : « le roman le plus bourré de matière,qui a ‘la prétention de faire une revue de toutes les idées modernes’ se trouve être,par la dévaluation constante de ce contenu, une réalisation parfaite de la conception du‘livre sur rien’ » 4 . Stéphanie Dord-Crouslé confirme que les aventures des deux person-1 Neefs, J., "L´imaginaire des documents", in J. Neefs et R. Debray-Genette (dir.), Romans d´archives,Presses Universitaires de Lille, 1987, pp. 175-189, ici pp. 177 et 176 ; Neefs, J., "Lire, imiter, copier. Del'usage des livres dans Bouvard et Pécuchet", Le Letture/La Lettura di <strong>Flaubert</strong>. Gargnano del Garda (7-10 aprile 1999), Milano, CISALPINO, Istituto Editoriale Universitario, 2000, pp. 47-59.2 Scholler, Umzug nach Encyclopaedia, p. 214.3 Séginger, "Forme <strong>romanesque</strong> et savoir. Bouvard et Pécuchet et les sciences naturelles".4 Höfner, E., "Bouvard et Pécuchet et la science livresque. Remarques épistémologiques sur la dernièreoeuvre de <strong>Flaubert</strong>", in A. de Toro (dir.), <strong>Gustave</strong> <strong>Flaubert</strong>: procédés narratifs et fondements epistémologiques,Tübingen, Narr, 1987, pp. 149-171, p. 166.135

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