12.07.2015 Views

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

CHAPITRE V. LES FIGURES DU SUJET CONNAISSANTBouvard, Pécuchet et le polytechnicien comme dilettanteLa manière dont Bouvard et Pécuchet abordent le savoir et les résultats catastrophiquesqui en découlent constituent bien des traits du dilettantisme, voire même d’undilettantisme comique. On peut souligner à cet égard la multiplicité de leurs activités, lefait qu’ils tiennent des rôles très divers, « qu’ils se prêtent à toutes ces formes sans sedonner à aucune » - pour reprendre la description de Bourget cité plus haut -, ou encoreleur difficulté à émettre un jugement sur leurs lectures : les deux héros manquent desens critique et de volonté ; mis face à une alternative, ils ne peuvent se décider àprendre parti, de sorte que leurs débats aboutissent le plus souvent à un point de contradictionintense qui dépasse leurs moyens intellectuels ou matériels, constituant à chaquefois une motivation pour déplacer leur centre d’intérêt. Pour citer une nouvelle foisBourget :La légitimité de beaucoup de points de vue contradictoires l’obsède au momentde se mettre à son point de vue propre, et cette obsession l’empêche deprendre cette position de combat qui nous paraît la seule manière d’affirmerla vérité, à nous les disciples du dogmatisme plus simple d’autrefois. 1Leur volonté de savoir n’est pourtant pas sans résultat. On l’a vu, à mesure qu’ilsavancent dans leur parcours de formation, ils deviennent de plus en plus critiques face àla société bourgeoise, s’en distancient et décident consciemment de revenir à la copie(voir plus bas). Peut-on vraiment les traiter de dilettantes ? Si l’on s’appuie sur le Dictionnairedes idées reçues, le terme ne leur correspond pas tout à fait. On y lit : « Dilettante:Homme très riche, abonné à l’Opéra » (DIR, p. 69). Ce type de dilettantisme, ledilettantisme d’une élite sociale, renvoie à une autre figure du roman de <strong>Flaubert</strong> celledu « polytechnicien » 2 . Dans le roman de <strong>Flaubert</strong> on retrouve cette figure dans la personnedu Baron de Mahurot. Le narrateur le décrit de la manière suivante :Mathématicien et dilettante, jouant des valses sur le piano, et admirateur deToeppfer, il se distinguait par un scepticisme de bon goût. Ce qu’on rapportedes abus féodaux, de l’Inquisition ou des Jésuites, préjugés, et il vantait le1 Bourget, Essais de psychologie contemporaine, p. 39.2 Cf. Raudot sur trois institutions de la centralisation dont l’Ecole polytechnique : Raudot, De la décadencede la France, p. 66 sq. ; voir aussi Pinet, G., Histoire de l'Ecole Polytechnique, Paris, Baudry &Cie, 1887 et Fourcy, A., Histoire de l'Ecole polytechnique, Paris, Belin, 1987, 1828.353

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!