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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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HILDEGARD HABERL. ECRITURE ENCYCLOPEDIQUE, ECRITURE ROMANESQUEAu début du chapitre, le regard des personnages était encore positif et ouvert ; il ne peutmaintenant plus même rencontrer d’écho. L’image que <strong>Flaubert</strong> donne ici du paysage etde la société n’a plus rien d’idéale. Le jardin n’est plus cultivable, même si – contradictionde l’auteur ? - on lit dans les notes de la fin du chapitre X non encore rédigées quele jardin suscite de la jalousie de « la population », parce qu’ « il est maintenant bientenu » (BP, p. 413). Dès 1853 <strong>Flaubert</strong> avait thématisé le vrai et le faux ordre de la naturedans une lettre à Louise Colet, rédigée après un fort orage à l’origine d’importantsdégâts dans le jardin de Croisset :Ce n’est pas sans un certain plaisir que j’ai contemplé mes espaliers détruits,toutes les fleurs hachées en morceaux, le potager sans dessus dessous. Encontemplant tous ces petits arrangements factices de l’homme que cinq minutesde la Nature ont suffi pour bousculer, j’admirais le Vrai Ordre se rétablissantdans le faux ordre. – Ces choses tourmentées par nous, arbres taillés,fleurs qui poussent où elles ne veulent, légumes d’autres pays, ont eu danscette rebiffade atmosphérique une sorte de revanche. (Le 12 juillet 1853,Corr. II, p. 381)La nature en chaos, le paysage aplati – voilà la tendance « vers une esthétique dela platitude » à l’œuvre dans la littérature française au cours du XIX e siècle dont parlentles spécialistes du réalisme/naturalisme tels que Sylvie Thorel-Cailleteau 1 ou PhilippeHamon 2 . Si aux yeux de Goethe, « le grand danger qui menace l’homme, c’est de nepouvoir s’élever au-dessus du trivial et de la platitude » 3 , <strong>Flaubert</strong> va plus loin et fait dela trivialité et de la platitude une nouvelle esthétique.Le jardin est le lieu de tous les conflits, de tous les désastres. Il est ainsi le terrainprivilégié de la mise en scène des limites de l’encyclopédisme. L’ordre n’est jamaismaintenu très longtemps. La science même du jardin, la botanique, échoue à le contenir.Si le passage du temps, avec ses aléas et ses contingences suffit à le subvertir, dans unrappel du caractère transitoire de toute création humaine, voire de tout savoir humain,c’est aussi le conflit des individus autour de ce que doit être cet ordre que les deux au-France incolore et lourde. Elle n’aura plus de cœur, plus de centre, et, je crois, plus d’esprit? » (Le 30avril 1871, Corr. IV, p. 314)1 Cf. Thorel-Cailleteau, S., La tentation du livre sur Rien. Naturalisme et Décandence, Editions Interuniversitaires,1994 Thorel-Cailleteau, S., Splendeurs de la médiocrité: une idée du roman, Genève, Droz,2008.2 Cf. Hamon, P., Expositions, littérature et architecture au XIXe siècle, Paris, Corti, 1989.3 Cf. Hadot, N'oublie pas de vivre. Goethe et la tradition des exercices spirituels, p. 24.270

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