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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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HILDEGARD HABERL. ECRITURE ENCYCLOPEDIQUE, ECRITURE ROMANESQUEde campagne de Croisset dispose d’un grand jardin confié à un jardinier 1 . Il s’est cependantrichement documenté dans ce domaine comme pour les autres domaines du savoirtraités dans son roman. Ses personnages, Bouvard et Pécuchet, aménagent un jardinpaysager au chapitre II et ils enseignent l’histoire naturelle et la botanique au chapitre Xaux enfants Victor et Victorine.Pour écrire ce dernier chapitre, <strong>Flaubert</strong> s’est intéressé de près à la morphologiedes plantes. Cette discipline le fascine en effet parce qu’elle est un art de la classificationdu vivant, dont elle démontre en même temps d’emblée les limites. Pécuchet veutapprendre l’« axiome » de la botanique à ses élèves : « Toute plante a des feuilles, uncalice, et une corolle enfermant un ovaire ou péricarpe qui contient la graine. » (BP, p.384) <strong>Flaubert</strong> joue sur les règles, les exceptions aux règles et les exceptions aux exceptionsdans une critique de la classification. Certaines classes de plantes n’ont pas decalices, comme les liliacées. Mais à l’intérieur de cette classe certains spécimens ontnéanmoins un calice, telle la shérarde 2 :Il y avait dans leur jardin des tubéreuses, toutes sans calice. – « Une étourderie! La plupart des Liliacées en manquent. »Mais un hasard fit qu’ils virent une shérarde (description de la plante) – etelle avait un calice.Allons, bon ! si les exceptions ne sont pas vraies, à qui se fier ? (BP, p. 384-385)1 On trouvera plus d’informations sur ce jardin sur le site de l’Université de Rouen où est publiée unedescription de la maison et du jardin de <strong>Flaubert</strong> faite par un ami : « [...] Trois mois à peine après la mortde <strong>Flaubert</strong>, on la vendait à une compagnie industrielle ; dès le mois d’août 1881, on commençait à ladémolir… Ce fut d’abord au jardin qu’on s’attaqua, un grand jardin rococo, resserré entre la colline quidomine la Seine et la route qui la côtoie, un jardin presque tout entier en terrasse, avec une chevelure devieux ifs. Il fallut une armée de bûcherons pour en venir à bout : depuis des années on se contentait deratisser les allées, de garnir de fleurs les plates-bandes, et les arbres touffus s’enchevêtraient, faisant lanuit sur les pelouses, et les arbustes s’accoudaient au mur, jetant sur le chemin leur pluie de fleurs ou leurgrêle de fruits. Comme on commençait en même temps les fondations de l’usine, on manquait de placepour empiler les branches coupées, et, la nuit, des troncs d’arbres ébranlés s’écroulaient, écrasant les pansde murs ébauchés. Ensuite, on s’en prit à la ferme en miniature qui s’étendait à la droite de la maison. Onrasa les vieux bâtiments ; on coupa les pommiers qui faisaient de ce coin d’herbage un vrai paysage normand; on abattit les hauts peupliers centenaires tout frissonnants aux grands vents d’ouest ! En moinsd’un mois tout disparut : la porte d’entrée avec son porche et ses tilleuls, où l’on attendait le bateau deRouen, la longue grille derrière laquelle on voyait se promener <strong>Flaubert</strong>, le bouquet d’arbres où il allaits’asseoir les jours d’été. [...] » Cf. : http://flaubert.univ-rouen.fr/biographie/maison.php.2 Cf. Wada, M., "La “shérarde” ou la découverte d'une exception à l'exception dans l'épisode botanique deBouvard et Pécuchet de <strong>Flaubert</strong>", Etudes de langue et littérature française, 1999. Wada a fait une analysede cette épisode dans les brouillons de <strong>Flaubert</strong>.246

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