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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE IV.DES LIEUX DU SAVOIRde roman et particulièrement du roman encyclopédique, parce qu’il ne vise pas seulementà « construire un condensé du monde », mais qu’en même temps « le paysage devientle support actif d’une méditation sur le temps, sur l’Histoire » 1 . C’est donc le jardinpaysager en tant qu’il s’inscrit dans une histoire qui est ici en question. Les comparatistesMonika Schmitz-Emans et Manfred Schmeling soulignent plus généralementque « la représentation et même la conception du ‘paysage’ a toujours été placée sous lesigne d’une conscience de la temporalité et de l’historicité, c’est-à-dire aussi del’éphémère » 2 .En examinant les métaphores du savoir, nous avons vu au chapitre II que l’arbreet la figure épistémique de la greffe servent d’exemples pour montrer que « la croissancedes plantes est un modèle de l’histoire de l’humain » et ainsi aussi de l’histoire deses connaissances 3 . Ce n’est pas pour rien que dans son article « Encyclopédie » Diderotcompare son « dictionnaire universel » à un paysage :Il faut considérer un dictionnaire universel des Sciences & des Arts, commeune campagne immense couverte de montagnes, de plaines, de rochers,d’eau, de forêts, d’animaux, & de tous les objets qui font la variété d’ungrand paysage. La lumière du ciel les éclaire tous ; mais ils en sont tousfrappés diversement. Les uns s’avancent par leur nature & leur expositions,jusque sur le devant de la scène ; d’autres sont distribués sur une infinité deplans intermédiaires ; il y en a qui se perdent dans le lointain ; tous se fontvaloir réciproquement. (Enc. V, p. 648)On ne peut qu’être frappé par les parallèles entre ce texte programmatique et lesromans de Goethe et <strong>Flaubert</strong>. Jean Starobinski résume ce passage en parlant del’encyclopédie-paysage comme d’un vaste spectacle, d’un livre-théâtre 4 . Le mot« scène » qu’utilise par ailleurs le philosophe établit, comme le remarque très justementStarobinski, « un soudain rapport avec la composition picturale et l’esthétique duthéâtre », ce qui pour lui signale l’unité profonde des diverses entreprises littéraires etsavantes de Diderot. Si ce dernier emploie ici expressément la comparaison « comme1 Recht, La lettre de Humboldt: du jardin paysager au daguerréotype, p. 56.2 Schmeling, M. et M. Schmitz-Emans (dir.), Das Paradigma der Landschaft in Moderne und Postmoderne,Würzburg, Königshausen & Neumann, 2007, ici p. 25.3 cf. Bühler, B. et S. Rieger, Das Wuchern der Pflanzen. Ein Florilegium des Wissens, Frankfurt amMain, Suhrkamp, 2009 ; la deuxième partie du chapitre « Apfel » traite plus particulièrement de la greffeet la greffologie, p. 23 sq.4 Starobinski, "L'arbre du savoir et ses métamorphoses".239

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