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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE III.FLAUBERT ET L’INSPIRATION GOETHEENNEOn sait que <strong>Flaubert</strong> était loin d’être seul dans son admiration pour les Souffrancesdu jeune Werther et que le « werthérisme » a constitué un véritable phénomènesocial au XIX e siècle en Europe 1 . La lecture que <strong>Flaubert</strong> a faite de ce roman épistolairea été analysée par Dagmar Giersberg dans sa thèse de 2003, qui montre spécifiquementles éléments, motifs et structures qu’il lui a empruntés. Giersberg s’intéresse aux figures« à la Werther » (Werther-Figuren) dans l’œuvre du romancier français, c'est-à-dire auxpersonnages qui présentent une ressemblance avec Werther par leur manière d’être artisteet leur quête du bonheur et de la vérité, leur inclination pour la mélancolie. Il fautnoter que dès l’œuvre de Goethe ces caractéristiques véhiculent aussi une critique del’idée reçue. Werther décrit par exemple à son ami Wilhelm un entretien avec Albert surle thème du suicide en reprochant à ce dernier – et au discours bourgeois – de recourir àdes lieux communs : « peu s’en fallut que je ne rompisse l’entretien : car rien ne me methors des gonds comme de voir quelqu’un venir avec un lieu commun insignifiant lorsqueje parle de cœur. » 2 . Werther est donc ici très sensible à une manière de parler ensociété d’un sujet complexe et qui lui sera fatal – comme plus tard à Emma Bovary.Giersberg étudie également le rôle de la lecture « identificatoire » dans le romande Goethe et sa reprise chez <strong>Flaubert</strong> dans la mise en scène de personnages idéalisantles livres et dont les sentiments amoureux sont intimement liés à ceux-ci. Elle analysel’évolution de la référence de <strong>Flaubert</strong> à Werther comme une émancipation progressivede ce prétexte important. Ce mouvement se caractérise par le recours à l’ironie et la parodie– elle évoque les gestes de « parodier et ravaler » 3 . Si dans l’œuvre de jeunesse –Les Mémoires d’un fou, Novembre – Giersberg trouve encore de nombreux emprunts àdes structures narratives du Werther – par exemple le récit à la première personnecomme réflexion sur soi-même – et certains motifs – tels que le désenchantement dujeune homme/artiste face au monde et à la société, l’opposition de l’art à la vie bourgeoise,l’amour et la nature idéalisés, ou encore l’attirance de la mort et le suicide -, elle1 Cf. Hoffmeister, Goethe und die europäische Romantik, p. 147 sq., p. 147 sq. ; Wieder, J., Frankreichund Goethe. Das Goethe-Bild der Franzosen, München, Verlag Dokumentation, 1976, p. 20 sq ; Hösle,J., "Die französische "Werther"-Rezeption", Arcadia, 11, 1976, pp. 113-125.2 Goethe, J. W., Les souffrance du jeune Werther. In: Romans, Paris, Gallimard, 1954b, p. 44. « Ich warim Begriffe abzubrechen, denn kein Argument in der Welt bringt mich so aus der Fassung, als wenn einermit einem unbedeutenden Gemeinspruche angezogen kommt, da ich aus ganzem Herzen rede. » (FA, p.96)3 Giersberg, "Je comprends les Werther", p. 133.169

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