12.07.2015 Views

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

CHAPITRE IV.DES LIEUX DU SAVOIRsiens. Ces défaites et périodes mouvementés ont été vécues par Goethe et <strong>Flaubert</strong> auplus près, à leur porte voire dans leur propriété où l’un et l’autre sont obligés de logerdes soldats de l’armée ennemie 1 . Les jardins ne sortent pas indemnes de cette période debouleversements. Sur le plan littéraire, ces changements s’expriment particulièrementdans le rapport à l’idylle.L’idylle – peinture en littératureDans ce chapitre, je considère l’idylle comme un genre littéraire qui participe aujeu de références intertextuelles des deux auteurs, mais aussi dans son rapport à la peinture,la représentation et l’imagination. L’idylle se caractérise pour moi par la quêted’une vie paisible dans une certaine solitude à la campagne, à l’écart de la société et enharmonie avec la nature. Elle est à la fois une représentation littéraire et picturale et lesujet de cette représentation. Elle est donc aussi bien une forme de vie sociale – même sielle est utopique – qu’un élément important de l’histoire littéraire 2 . Même si aucun desdeux romans ne correspond à une idylle pure ou typique, les auteurs empruntent chacunà leur manière des éléments structurels et des motifs du genre dans leur roman tout enles modifiant. C’est donc une question de forme et de genre : comment le roman intègre-t-ill’idylle ? Et c’est une question de contenu : comment l’intrigue détruit-elle lesattentes d’une vie tranquille et paisible à la campagne à laquelle renvoie l’idylle ? Etymologiquement– et c’est là encore un lien avec la peinture – les idylles sont des petitstableaux à lire : le paysage « idyllique » décrit au début des Affinités électives souligne1 Les expériences de Goethe pendant les guerres napoléoniennes sont rapportées par son collaborateur etsecrétaire : Riemer, F. W., Mitteilungen über Goethe, Leipzig, Insel Verlag, 1921 [1841], p. 167 sq.Quant à lui, tout en se jugeant « peu patriote » au mois de juillet 1870 (Corr., IV p. 214), <strong>Flaubert</strong> indiquedans ses lettres du mois d’août suivant vouloir se battre et il s’engage dans la garde nationale en septembre– il va jusqu’à « prendre des leçons d’art militaire » à Rouen (Corr. IV, p. 233). Il écrit par ailleursson écœurement face à ce conflit dans une lettre à Frédéric Baudry, bibliothécaire à l’Arsenal etphilosophe, quatre jours après la déclaration de guerre, le 22 juillet 1870 : « […] Je suis écœuré par lespectacle de mes compatriotes. L’enthousiasme guerrier me navre. Pourquoi se bat-on ? 1° Parce que leFrançais est un coco envieux. 2° Parce que l’état naturel de l’homme est la sauvagerie : Homo hominilupus. 3° Parce qu’il y a dans la guerre un élément mystique (inanalysable) qui transporte les foules. LeCongrès de la Paix, le progrès, l’humanité, la civilisation, tout cela me paraît avoir le dessous pour lequart d’heure. En revenons-nous aux guerres de race ? J’en ai peur ? J’ai assez de moi, des autres, et detout ! Adieu, mon bon vieux, ne m’oubliez pas. » Cf. aussi de Biasi, P.-M., <strong>Gustave</strong> <strong>Flaubert</strong>. Une manièrespéciale de vire, Paris, Grasset & Fasquelle, 2009, p. 373.2 Cf. sur <strong>Flaubert</strong> : Preisendanz, W., "Reduktionsformen des Idyllischen im Roman des 19. Jahrhunderts(<strong>Flaubert</strong>, Fontane)", in U. Seeber et P.G. Klussmann (dir.), Idylle und Modernisierung in der europäischenLiteratur des 19. Jahrhunderts, Bonn, 1986, pp. 81-92.257

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!