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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE III.FLAUBERT ET L’INSPIRATION GOETHEENNEDès avant ce procès, Goethe apparaît dans la Correspondance de <strong>Flaubert</strong> aucœur d’un riche ensemble de référence autour de la question de l’impassibilité et del’écriture scientifique. L’impersonnalité est pour lui intimement lié à une aspiration à lascience, à l’exactitude. Dans une lettre à George Sand le 15 décembre 1866, il écrit :Je me suis mal exprimé en vous disant « qu’il ne fallait pas écrire avec soncœur ». J’ai voulu dire : ne pas mettre sa personnalité en scène. Je crois quele grand art est scientifique et impersonnel. Il faut, par un effort d’esprit, setransporter dans les Personnages et non les attirer à soi. (<strong>Flaubert</strong> à GeorgeSand, le 15 décembre 1866, Corr. III, p. 578)Goethe est bien au cœur de cette vision. Dans une lettre à Louise Colet le 13 septembre1852 <strong>Flaubert</strong> écrit : « Réfléchis, réfléchis avant d’écrire. Tout dépend de laconception. Cet axiome du grand Goethe est le plus simple et le plus merveilleux résuméet précepte de toutes les œuvres d’art possibles » (Corr. II, p. 157). L’écriture nedoit pas être dictée simplement par un sentiment immédiat mais par une vision construiteet raisonnée du monde, d’une certaine manière transcendante. Il reprend ce thèmede la conception le 18 mars 1857 en écrivant à Mlle Leroyer de Chantepie :Je vais donc répondre à vos questions : Madame Bovary n’a rien de vrai.C’est une histoire totalement inventée ; je n’y ai rien mis ni de mes sentimentsni de mon existence. L’illusion (s’il y en a une) vient au contraire del’impersonnalité de l’œuvre. C’est un de mes principes, qu’il ne faut pass’écrire. L’artiste doit être dans son œuvre comme Dieu dans la création, invisibleet tout-puissant ; qu’on le sente partout, mais qu’on ne le voie pas.Et puis, l’Art doit s’élever au-dessus des affections personnelles et des susceptibilitésnerveuses ! Il est temps de lui donner, par une méthode impitoyable,la précision des sciences physiques ! La difficulté capitale, pourmoi, n’en reste pas moins le style, la forme, le Beau indéfinissable résultantde la conception même et qui est la splendeur du Vrai, comme disait Platon.(Corr. II p. 691)Le qualificatif d’impitoyable, le motif de l’intransigeance, ou l’incorruptibilitéde l’auteur, revient aussi plusieurs fois sous sa plume à propos de Goethe. Dans unelettre à Louise Colet du 26 août 1853 il souligne :Ce qui me semble, à moi, le plus haut dans l’Art (et le plus difficile), cen’est ni de faire rire, ni de faire pleurer, ni de vous mettre en rut ou en fureur,mais d’agir à la façon de la nature, c’est-à-dire de faire rêver. Aussi lestrès belles œuvres ont ce caractère. Elles sont sereines d’aspect et incompréhensibles.Quant au procédé, elles sont immobiles comme des falaises, hou-197

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