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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE V. LES FIGURES DU SUJET CONNAISSANTE.T.A. Hoffmann (Le Vase d’or, 1819), Nicolaï Gogol (Manteau, 1842), Franz Grillparzer(Pauvre Musicien, 1848), Herman Melville (Bartleby, 1853) et Joris-Karl Huysmans(A vau-l’eau, 1882) 1 . <strong>Flaubert</strong> s’est par ailleurs aussi inspiré d’une nouvelle deBarthélemy Maurice intitulée Les Deux Greffiers, parue pour la première fois le 14 avril1841 dans La Gazette des tribunaux 2 . La copiste ou l’employée de bureau de genre fémininn’apparaît en revanche qu’à la fin du siècle parallèlement à l’avènement de lamachine à écrire et des fonctions de secrétaire et de sténographe 3 .Le retour à leur occupation initiale n’est cependant pas pour Bouvard et Pécuchetun retour à la même condition. Si au début ce travail répétitif et sans créativité lesennuie, à l’issue de leur parcours encyclopédique et en raison des déceptions que celuicileur apporte, ils trouvent de nouveau une satisfaction et du plaisir dans la copie dusavoir et des bêtises humaines. Car comme l’écrit Foucault : « Quand Bouvard et Pécuchetrenoncent, ce n’est pas à savoir ni à croire au savoir, mais à faire ce qu’ils savent.[…] [I]ls renoncent (on les contraint de renoncer) à faire ce qu’ils avaient appris pourdevenir ce qu’ils étaient. » Pour Foucault, Bouvard et Pécuchet deviennent eux-mêmes« le mouvement continu du Livre » 4 . Avant de retourner à la copie, Bouvard et Pécuchets’étaient aussi essayés au métier d’écrivain, sans succès. A la fin du chapitre V et faceaux notables de Chavignolles, ils dressent un bilan de la vision bourgeoise de la littératurequi dévoile leur déception. Le narrateur écrit : « Ils résumèrent ce qu’ils venaientd’entendre. La moralité de l’Art se renferme pour chacun dans le côté qui flatte ses intérêts.On n’aime pas la Littérature. » (BP, 225) En redevenant copistes, ils deviennentécrivains autrement. On peut ainsi lire dans Bouvard et Pécuchet une sorte de transformationdu copiste en écrivain moderne. Cela rejoint ce que Sylvie Thorel-Cailleteauconstate lorsqu’elle note que les « copistes » littéraires sont des sortes d’autoportraitsgrimaçants de leurs auteurs : « Le copiste, voué aux plumes, au papier, condamné au1 Thorel-Cailleteau, S., "La figure de l'employé de bureau", Travailler, n° 7, 2002, pp. 77-88.2 Claudine Gothot-Mersch, en se basant sur le travail de Descharmes, R. et R. Dumesnil, Autour de <strong>Flaubert</strong>.II. Etudes historiques et documentaires, Paris, Mercure de France, 1912, précise que cette premièrepublication a été reprise dans le Journal des journaux, n° de mai 1841, puis dans L’Audience du 7 février1858 ; cf. l’édition de Cl. Gothot-Mersch, p. 565.3 Cf. Kittler, Grammophon. Film. Typewriter, voir surtout le chapitre sur la machine à écrire, p. 273 sq. ;et Gardey, D., La dactylographe et l'expéditionnaire: histoire des employés de bureau, 1890-1930, Paris,Belin, 2001.4 Foucault, M., "La bibliothèque fantastique", Travail de <strong>Flaubert</strong>, Paris, Seuil, 1983, p. 103-122, ici p.121.361

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