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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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HILDEGARD HABERL. ECRITURE ENCYCLOPEDIQUE, ECRITURE ROMANESQUEmépris social et aux chagrins d’une existence solitaire, est une figure sinistre et bouffonnede l’écrivain lui-même qui ne se reconnaît plus d’autre place que celle-là dans lemonde moderne, où l’on grelotte de froid sur des trottoirs mouillés parce que le soleild’une transcendance s’est visiblement replié plus loin. » 1La copie contient-elle une part d’originalité ? Celle-ci peut en effet résider dansune sensibilité pour une certaine réalité de langue – et de société – qui inclut bêtises,idées reçues et stéréotypes et que l’on retrouve à l’époque de <strong>Flaubert</strong> dans un nombrecroissant d’écrits et de publications. Dans sa récente biographie de <strong>Flaubert</strong> Pierre-Marcde Biasi souligne l’importance de cette mutation historique « qui redéfinit entièrementles relations à la chose écrite : la fin de la malédiction du papier rare (entre 1800 et 1900la production de papier est multipliée par 2800), l’industrialisation du livre, la techniqued’impression rapide et le développement exponentiel de la presse. » 2 L’art de <strong>Flaubert</strong>(et de Bouvard et Pécuchet – copistes) réside dans la mise en relief du rapport problématiqueentre l’originalité de dire et l’imitation (l’opinion, le stéréotype) provoqué parla modernisation des pratiques d’écriture et la naissance d’une culture de masse. Onretrouve aussi cette originalité dans le fait de vouloir ainsi collectionner, fixer et constituer« une encyclopédie de langages » 3 car, comme le souligne Roland Barthes dans lacitation que j’ai évoquée plus haut « l’écrivain ne peut qu’imiter un geste toujours antérieur,jamais originel » 4 . La crise de la vérité s’exprime ainsi à travers une critique dulangage. Avec <strong>Flaubert</strong> « une suspicion est jetée sur le langage et, plus précisément, surla capacité de la parole à exprimer le sujet qui la profère. 5 » Pour Roland Barthes « c’estla crise de la modernité qui s’ouvre », car :[…] la copie chez <strong>Flaubert</strong> est un acte vide, purement réflexif. Quand Bouvardet Pécuchet, à la fin du livre, se remettent à copier, il ne reste plus quela pratique gestuelle. Copier n’importe quoi, pourvu qu’on conserve le gestede la main. C’est un moment historique de la crise de la vérité, qui se mani-1 Thorel-Cailleteau, "La figure de l'employé de bureau".2 de Biasi, <strong>Gustave</strong> <strong>Flaubert</strong>, 2009, pp. 425 sq.3 Barthes, "La crise de la vérité", ici p. 434.4 Barthes, R., "La mort de l'auteur", Oeuvres complètes, II, 1966-1973, Paris, Seuil, 1995b, pp. 491-495,ici p. 494.5 Adert, L., Les mots des autres: lieu commun et création <strong>romanesque</strong> dans le oeuvres de <strong>Gustave</strong> <strong>Flaubert</strong>,Nathalie Sarraute et Robert Pinget, Villeneuve d´Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1996,p. 14.362

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