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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE II.L’IDEE ENCYCLOPEDIQUE AUX XVIIIE ET XIXE SIECLESSelon <strong>Flaubert</strong>, la discipline reine du XIX e siècle est donc la physiologie, qui aexplication à tout 1 . On n’est plus « trop mathématicien » comme au XVIII e siècle et dutemps de Goethe (et surtout de Newton), mais on est désormais « trop physiologiste ».On le voit, l’encyclopédie du XIX e siècle est réarrangée. Darwin a publié en 1859 sathéorie de la descendance modifiée des espèces végétales et animales par la sélectionnaturelle 2 . Pourquoi <strong>Flaubert</strong> évoque-t-il le philosophe britannique Herbert Spencer(1820-1903) comme exception au matérialisme ? Après tout, Spencer a également entreprisune Classification des sciences en 1858 3 . La différence entre lui et Comte résideentre autres dans le fait que Spencer fait un retour au classement taxinomique du XVIII esiècle grâce à un tableau de dichotomies et en contestant l’idée de série apportée parComte et la biologie 4 .On s’est parfois demandé si « à l´époque de <strong>Flaubert</strong>, l´encyclopédie [n’est] pasentrée en crise » 5 . <strong>Flaubert</strong> perçoit en tous les cas avec acuité les contradictions au seinet entre les disciplines et les difficultés qu’entraînent leurs discontinuités. Il n’est pascontre la science, mais il n’accepte pas le type de sciences que produisent les disciplineset le projet de société dont elles sont porteuses. Une partie de son œuvre, et notammentBouvard et Pécuchet, peut être considéré comme une réaction face aux nouveaux projetsencyclopédiques clos et une mise en question de leurs tentatives de construire dessystèmes totalisants qui éliminent de plus en plus l’art 6 . Pour Eckhard Höfner le rejet de1 Cf. Ansart, P., Sociologie de Saint-Simon, Paris, P.U.F., 1970, p. 24.2 Cf. sur Darwin et <strong>Flaubert</strong>, Dord-Crouslé, Bouvard et Pécuchet de <strong>Flaubert</strong>: une "encyclopédie critiqueen farce" ; Dord-Crouslé, S., "Le darwinisme de <strong>Flaubert</strong>." in S. Moussa (dir.), L'idée de "race" dans lessciences humaines et la littérature (XVIII-XIXe siècle). Actes du Colloque international de Lyon, 16-18novembre 2000., Paris, L'Harmattan, 2003b, pp. 283-296.3 Spencer, H., The Classification of the sciences, to which are added reasons for dissenting from the philosophyof M. Comte, London, Williams and Norgate, 1871 (3e éd.). La classification des sciences deSpencer comporte dans sa troisième partie le texte « Pourquoi je me suis séparé d´Auguste Comte » cf.Patrick Tort, « Spencer et le système des sciences », introduction à Spencer, H., Autobiographie, Naissancede l’évolutionnisme libéral, Paris, PUF, 1987. Schiano-Bennis renvoie à ses Premiers Principes oùil écrit : « Si nous regardons la science comme une sphère qui s’agrandit graduellement, nous pouvonsdire que son accroissement ne fait qu’accroître nos points de contact avec l’inconnu qui l’environne. »Spencer, H., Premiers Principes, Paris, G. Baillière, 1871 [1862], p. 15. Cité dans : Schiano-Bennis, "Portéeet postérité épistémologiques de Bouvard et Pécuchet à la fin du XIXe siècle. Le trouble de la connaissance"..4 Grange, La philosophie d'Auguste Comte. Science, politique, religion, p. 94.5 Mouchard, C. et J. Neefs, <strong>Flaubert</strong>, Paris, Balland, 1986.6 Cf. Höfner, E., "Wissenschaftsrezeption und Erzähler-Strategie im realistischen Roman des französischenund italienischen 19. Jahrhunderts", in L. Danneberg et al. (dir.), Wissen in Literatur im 19. Jahrhundert,Tübingen, Max Niemeyer Verlag, 2002, pp. 190-219, p. 195.129

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