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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE V. LES FIGURES DU SUJET CONNAISSANTSi on pense généralement d’abord à Wilhelm Meister quand il est question de lapédagogie chez Goethe, les figures de l’élève sont aussi très présentes dans les Affinitésélectives. Si Goethe manifeste ainsi un intérêt durable pour ces questions, il reste cependantsceptique envers l’enthousiasme pédagogique du philanthropinisme comme dunéo-humanisme. Ce scepticisme reflète peut-être de façon plus générale la réceptioncomplexe d’Emile dans le contexte allemand. Comme le souligne Wilhelm Voßkamp,l’aporie que décrit Rousseau entre l’éducation d’un « citoyen » (sociabilité, réalité sociale,utopie sociale) et l’éducation d’un « homme » (individualité, utopie individuelle)est gommée dans la réinterprétation allemande de son œuvre à travers la notion de Bildung1 . Si Rousseau ne croit pas que la « perfectibilité » de l’homme puisse s’articulerde manière harmonieuse à l’état de nature, les pédagogues allemands le lisent avec uneconception téléologique de l’individu qui les conduit à l’idée que la formation est linéaire.En d’autres termes, si chez Rousseau la « perfectibilité » de l’homme va toujoursde pair avec la « corruptibilité », l’idée de Bildungstrieb ne comporte qu’une directionet n’envisage pas l’arrêt ou le retour en arrière. Voßkamp parle même d’une « téléologienaturelle » (naturale Teleologie), la « perfectibilité » « devenant [en Allemagne] unprincipe de base de la nature » 2 : « La réinterprétation de la dichotomie rousseauistesous le signe de la ‘nature’ et de la théorie du ‘Bildungstrieb’ ont largement contribué àce qu’une conception téléologique et entéléchique de ‘Bildung’ domine l’Allemagne. » 3Il me semble cependant que Goethe est conscient de la complexité des questions soulevéespar la formation et l’éducation lorsqu’il retrace dans ses textes littéraires des parcourshumains où la société (dé-)forme l’individu et qu’il met en avant un dispositifformateur permettant de conduire à une « nouvelle » société. Il connaît peut-être tropbien aussi le pessimisme des moralistes français pour ne pas sentir « le statut précaire duphantasme de la perfection » 4 .1 Wilhelm Voßkamp, dans son article sur la réception d’Emile en Allemagne, évoque comme exceptionde cette réinterprétation téléologique l’historien Schlözer et l’écrivain et scientifique Lichtenberg :Voßkamp, W., ""Un Livre Paradoxal". Jean-Jacques Rousseaus 'Emile' in der deutschen Diskussion um1800." in H. Jaumann (dir.), Rousseau in Deutschland, Berlin, 1995, pp. 101-113, ici p. 106.2 Ibid., ici p. 107.3 Ibid.4 Warning, R., ""Education" und "Bildung". Zum Ausfall des Bildungsromans in Frankreich", in J. Fohrmann(dir.), Lebensläufe um 1800, Tübingen, Niemeyer, 1998, pp. 121-140, ici p. 130.309

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