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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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HILDEGARD HABERL. ECRITURE ENCYCLOPEDIQUE, ECRITURE ROMANESQUEd’eau vous inondaient, quand on se posait sur le sopha. (BP, p. 100, c’estmoi qui souligne)Ce passage de Bouvard et Pécuchet est manifestement inspiré de Boitard, ou dumoins il sonne comme du Boitard, car <strong>Flaubert</strong> raccourcit beaucoup. Le jardin deWürttemberg est chez Boitard « un jardin des environs de Stuttgard, qui existait en1791, et qui existe peut-être encore. » 1 Stéphanie Dord-Crouslé a très bien montré letravail de <strong>Flaubert</strong> et les différences entre son roman et ce qu’écrit Boitard 2 . Un détailintéressant est le fait que <strong>Flaubert</strong> souligne dans son manuscrit cité chez Dord-Crouslé,« un jardin des environs de Stuttgart en 1791 » pour changer cette information en « unjardin wurtembourgeois ». Est-ce un jeu de mot avec le jardin « bourgeois » ?Bouvard et Pécuchet découvrent par la suite que le genre fantastique se caractérisepar des effets de surprise, comme par exemple un sanglier en marbre que le visiteurtient d’abord pour un vrai ou un ermite qui se révèle finalement aussi une attrape. Leboudoir est dans le prétexte factuel un temple situé sur une île et accessible uniquementpar barque, dont la chaîne se défait sans intervention humaine, comme par miracle. Boitardcrée dans son texte une sorte de tension. Le promeneur fictif découvre, après êtreentré dans ce temple mystérieux, un rideau de soie qui cache le sanctuaire, dont ils’approche poussé par la curiosité pour le soulever. A ce moment-là le voile se retired’un seul coup, une douce mélodie retentit et l’enfant Jésus sur un autel semble sourireau visiteur 3 .Cette lecture a de toute évidence dû amuser <strong>Flaubert</strong> et lui servir pour construiresa critique de ce type de romantisme. Elle montre surtout comment il change le prétextefactuel en un texte grotesque en transformant le temple religieux en lieu d’amour. La« grotte rocailleuse » de Boitard devient un « boudoir », son « fauteuil gothique » un« sopha » 4 . En se servant d’un texte factuel et en l’insérant dans son récit, il le parodie,1 Cela pourrait être une allusion aux jardins de Hohenheim, près de Stuttgart, qui ont été commentés aussibien par Schiller que par Goethe. Cf. Hennebo, D., "Goethes Beziehungen zur Gartenkunst seiner Zeit",Jahrbuch des Freien Deutschen Hochstifts, 1979, pp. 90-119; cf. aussi Schiller, F., "Über den Gartenkalenderauf das Jahr 1795", in R.-P. Janz (dir.), Theoretische Schriften, Frankfurt am Main, DeutscherKlassiker Verlag, 1992, pp. 1007-1015.2 Dord-Crouslé, "<strong>Flaubert</strong> et les "Manuels Roret" ou le paradoxe de la vulgarisation. L'art des jardins dansBouvard et Pécuchet", ici p. 100 sq.3 Boitard, Manuel de l'architecte des jardins ou l'art de les composer et de les décorer, p. 45 sq.4 Dord-Crouslé établit ici un parallèle avec la galanterie pseudo-orientale du XVIIIe siècle et mentionnedes allusions possibles à Crébillon et à la Philosophie dans le boudoir de Sade. Dord-Crouslé, "<strong>Flaubert</strong>268

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