12.07.2015 Views

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

CHAPITRE IV.DES LIEUX DU SAVOIRdéguise. Ainsi ils représentent une sorte de tableau vivant toujours à la mode du tempsde <strong>Flaubert</strong> 1 . Voici la description :Bouvard s’éloigna, et reparut, affublé d’une couverture de laine, puiss’agenouilla devant le prie-Dieu, les coudes en dehors, la face dans lesmains, la lueur du soleil tombant sur sa calvitie ; - et il avait conscience decet effet, car il dit : - « Est-ce que je n’ai pas l’air d’un moine du moyenâge ? » Ensuite, il leva le front obliquement, les yeux noyés, faisant prendreà sa figure une expression mystique.On entendit dans le corridor la voix grave de Pécuchet :- « N’aie pas peur ! C’est moi ! »Et il entra, la tête complètement recouverte d’un casque – un pot de fer àoreillons pointus.Bouvard ne quitta pas le prie-Dieu. Les deux autres restaient debout. Uneminute se passa dans l’ébahissement.(BP, p. 172)Il me semble significatif ici que les protagonistes de la scène restent une minutesans bouger, comme si le temps était figé pour une minute au moyen-âge. En raison deleur succès, Bouvard et Pécuchet continuent à jouer « le moine du moyen-âge » (BP, p.173) devant ceux d’entre leurs visiteurs qui le méritent.Bélisaire : du tableau vivant au clichéLe traitement du thème de Bélisaire dans les deux romans est un bon exemple duchangement de statut de l’image et de la mémoire de l’un à l’autre, le passage de la célébrationd’une figure politique et moral au cliché porteur d’une critique de la sociétébourgeoise. Pourquoi, en effet, l’intérêt des deux écrivains pour ce personnage del’histoire romaine ? La raison se trouve de toute évidence dans l’histoire du roman etdans l’histoire de l’art, et dans l’influence de l’une sur l’autre. Bélisaire me sert ainsid’entrée pour discuter non seulement la relation entre texte et image, mais aussi celleentre le roman et l’histoire. Bélisaire est le héros d’une légende devenue image. En1767, Jean-François Marmontel (1723-1799) publie un roman historique sous ce titre 2 .Il s’inspire peut-être d’une peinture de L. Borzone de 1638, qui est aussi celle queGoethe fait imiter à ses personnages dans les Affinités. Jacques-Louis David (1784-1 Cf. Hamon, Imageries, ici p. 63.2 Marmontel, J.-F., Bélisaire, Paris, Société des textes français modernes, 1994.289

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!