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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE II.L’IDEE ENCYCLOPEDIQUE AUX XVIIIE ET XIXE SIECLEStoire, que j’ai essayé de retracer du XVI e au XIX e siècle. Au cours de cette histoire, lavolonté humaine de maîtriser « tout le savoir » a été d’emblée et constamment accompagnéed’un regard critique par les romanciers. L’imprimerie a certes facilité l’accès etla transmission de ce « tout », mais ce progrès technique même est mis en échec par lecaractère apparemment infini et en tous les cas toujours ouvert de la connaissance autantque par son renouvellement continu. Ce doute, depuis Rabelais, a surtout concerné lesinstitutions et les personnes qui s’efforcent de définir et transmettre ce qu’il faut savoiret de l’organiser ou le résumer dans « un système ». Les encyclopédistes français autourde Diderot et d’Alembert ont ainsi voulu combiner ordre alphabétique, renvois et représentationschématique de l’arbre de la connaissance humaine. Dans leur perspective, labranche la plus importante de ce système était la philosophie, car comme l’écrit Diderotdans ses « Observations sur la division des sciences du chancelier Bacon » : « Tous lesArbres encyclopédiques se ressemblent nécessairement par la matière ; l’ordre seul &l’arrangement des branches peuvent les distinguer. » (Enc. I, p. li) Goethe émet desdoutes sur ce système philosophique et il imagine des personnages comme Faust et Méphistophélèspour montrer que le parcours « encyclopédique » proposé aux étudiants parl’Université est réducteur et ne peut satisfaire leur aspiration naïve à l’universalité.A partir de la fin du XVIII e siècle l’encyclopédie doit faire face à plusieurs mutations.L’enseignement universitaire, longtemps son objectif premier, évolue, tandisqu’elle doit aussi faire face à un renouvellement des matières qui la compose,l’exclusion de certaine et l’inclusion de nouvelles. Diderot et d’Alembert réussissent àintéresser le monde érudit aux arts et métiers, tandis que d’autres sciences gagnent enimportance au début du XIX e siècle, telles que les sciences économiques ce qui serontau cœur de l’Encyclopédie économique de Johann Georg Krünitz. Les fonctions et lesbuts des encyclopédies se transforment. L’universalité n’est plus nécessairement leurhorizon, tandis qu’elles développent une volonté nouvelle d’utilité auprès d’un publicplus large. Les projets du XIX e siècle sont également marqués par l’éclectisme : à côtédes grands projets encyclopédiques collectifs – Ersch und Gruber -, émergent les encyclopédiespratiques – Encyclopédie Roret - et les lexiques de conversation en mêmetemps que perdurent les systèmes encyclopédiques philosophiques – Hegel, Ampère,Cournot, Comte, Spencer – face auxquels le romancier <strong>Flaubert</strong> prend position d’unemanière plus ou moins sceptique. En très fin analyste de la langue, ce dernier juge le153

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