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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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HILDEGARD HABERL. ECRITURE ENCYCLOPEDIQUE, ECRITURE ROMANESQUEGrégoire VII fut l’auteur de cinq cents ans de guerres civiles soutenues parses successeurs.(Voltaire, Dictionnaire philosophique, art. Saint-Pierre) 1Si Bayle et Voltaire s’attaquaient à l’infâme, <strong>Flaubert</strong> s’en prend lui aux préjugés,aux clichés et stéréotypes et veut « écraser la bêtise » 2 . Les entrées du Dictionnairedes idées reçues sont de façon générale beaucoup plus courtes et moins documentéesque celles du Dictionnaire philosophique. <strong>Flaubert</strong> reprend une forme lexicographiquetraditionnelle pour donner un statut de respectabilité et un prestige scientifique à sesentrées tout en minant ces apparences par le contenu de la notice. Ainsi montre-t-il leprocessus de transformation du jugement en savoir. Voici deux exemples :Académie française : La dénigrer mais tâcher d’en faire partie, si l’on peut.(DIR, p. 47)Divorce : Si Napoléon n’avait pas divorcé, il serait encore sur le trône. (DIR,p. 70)Comme le souligne Herschberg-Pierrot « l’hétérogène et le grotesque sont bienici des signaux critiques. Pourtant la référence au modèle lexicographique travaille aussidans le sens contraire de la dérision : elle tend à conforter de son autorité énonciative lesformules du Dictionnaire. C’est une des raisons du malaise qui prend le lecteur devantles formulations inégales du Dictionnaire des idées reçues. Il se trouve tiraillé entrel’autorité du modèle lexicographique et l’absurdité de certains énoncés, entre la référenceau livre nommé ‘dictionnaires des idées reçues’, à l’ordre prévisible, et la pré-1 Ibid., n° 1735, p. 612.2 <strong>Flaubert</strong> écrit en 1857 (le 3 ou 4 octobre) à Jules Duplan : « [...] Le curé de Canteleu tonne contre laBovary et défend à ses paroissiennes de me lire. [...] Enfin j´ai été attaqué par le gouvernement, par lesprêtres, et par les journaux. C´est complet. Rien ne manque à mon triomphe. Ah! quel foutus crétins, nomde Dieu! écr l´inf! et l´Infâme, pour moi, est pus large que pour M. de Voltaire. Il a grandi et grossi, cevieil Infâme! On lui a donné, il est vrai, de telles nourritures! La ligne de l´Equateur ne ferait pas, maintenant,le cordon de sa culotte! [...], » Corr. II, pp. 766-767.Début janvier 1860 il écrit à Mme Roger des Genettes au sujet de Voltaire : « [...] Bref, cet homme-là mesemble ardent, acharné convaincu, superbe. Son « Ecrasons l´infâme » me fait l´effet d´un cri de croisade.Toute son intelligence était une machine de guerre. Et ce qui me le fait chérir, c´est le dégoût quem´inspirent les voltairiens, des gens qui rient sur les grandes choses! Est-ce qu´il riait, lui? Il grinçait.[...] » Corr. III, pp. 72-73.Helen Zagona présente dans son livre entre autres les notes que <strong>Flaubert</strong> a prises en lisant le Dictionnairephilosophique de Voltaire dans les années quarante ; cf. Zagona, H. G., <strong>Flaubert</strong>´s roman philosophiqueand the voltairian heritage, Lanham, New York, London, University Press of America, 1985.150

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