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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE II.L’IDEE ENCYCLOPEDIQUE AUX XVIIIE ET XIXE SIECLEScar tout ce qui n’a pas le bonheur & la vertu pour fin dernière n’est rien.(Enc. V, p. 643)Il ne s’agit pas seulement d’accumuler du savoir, mais bien plutôt d’être en mesurede faire preuve de jugement à son égard : « apprendre aux hommes à douter & àattendre ». Ce projet idéaliste a gardé de son actualité au XX e siècle. On l’a vu avec lacitation du philosophe Mauthner présentée en exergue. On peut citer également RaymondQueneau, directeur de l’Encyclopédie de la Pléiade de 1954 à sa mort en 1976,qui formule bien l’idée de bilan provisoire et les enjeux de son projet à travers les notionsd’enseignement, de bilan et d’ouverture sur l’avenir :Ainsi, c’est à l’intersection de ces trois notions que se trouve le but de cetteEncyclopédie : elle se veut à la fois enseignement, bilan, ouverture surl’avenir, les deux premiers points de vue s’ordonnant par rapport au dernier.C’est ainsi que peut se justifier le mot « bilan », car, dans un bilan, il n’y apas seulement un actif, il y a aussi un passif. Et il y a effectivement, ici, un« passif » : celui de notre ignorance. Nulle part, dans cette entreprise, ne serontcelées les ampleurs de nos incertitudes et les immensités de notre nonsavoir.Le lecteur apprendra à ignorer, à douter. C’est aussi une entreprisecritique. Le principal fruit de la méthode scientifique est la lucidité. C’estaussi la possibilité de l’intervention. 1Depuis l’apparition du terme chez Rabelais, le but des encyclopédistes a doncété d’ordonner, choisir, enchaîner les matières du savoir, mais aussi de les mettre enquestion. L’encyclopédie ne va cependant jamais complètement de soi. Elle ne recouvrepas seulement un type d’ouvrage, mais aussi et surtout une réflexion théorique et pédagogiquesur ce que l’homme doit savoir et partant aussi ce qu’il doit enseigner et transmettre.Au XVII e siècle, l’accès au savoir est encore limité à un petit cercle, aux princeset aux érudits, pour lesquels l’encyclopédiste est avant tout un compilateur. Au XVIII esiècle, les découvertes scientifiques et techniques conduisent l’homme à se positionnerdifféremment face au savoir : la philosophie a repoussé la théologie, la critique prend lepas sur le commentaire. L’encyclopédiste se transforme en penseur et philosophe.1 Queneau, R., Bords, mathématiciens, précurseurs, encyclopédistes, Paris, Hermann, 1963, p. 103-104.93

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