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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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HILDEGARD HABERL. ECRITURE ENCYCLOPEDIQUE, ECRITURE ROMANESQUEAinsi l’archive est-elle dès le début liée à l’écriture, la bureaucratie, les dossiers etl’administration. Aleida Assmann note que l’archive, en tant que dispositif de conservationdu savoir collectif, n’est possible que dans la mesure où existent des supports matérielssusceptibles de servir d’aide-mémoires – et tout d’abord l’écriture 1 . Comme le rappellentDominique Maingueneau et Jacques Derrida, l’origine du concept d’archive estl’arkheîon grec :[…] le sens de « archive », son seul sens, lui vient d’ l’arkheîon grec :d’abord une maison, un domicile, une adresse, la demeure des magistratssupérieurs, les archontes, ceux qui commandaient. Aux citoyens qui détenaientet signifiaient ainsi le pouvoir politique, on reconnaissait le droit defaire ou de représenter la loi. Compte tenu de leur autorité ainsi publiquementreconnue, c’est chez eux, dans ce lieu qu’est leur maison (maison privée,maison de famille ou maison de fonction), que l’on dépose alors les documentsofficiels. Les archontes en sont d’abord les gardiens. Ils n’assurentpas seulement la sécurité physique du dépôt et du support. On leur accordeaussi le droit et la compétence herméneutique. Ils ont le droit et le pouvoird’interpréter les archives. Confiés en dépôt à de tels archontes, ces documentsdisent en effet la loi : ils rappellent la loi et rappellent à la loi. 2Partant de ces définitions, je voudrais suggérer que la mise en scène des pratiquesde stockage et d’écriture sous la forme de la copie et de l’archive par Goethe et<strong>Flaubert</strong> reflète non seulement le rôle de la littérature en tant que mémoire mais aussicelui de l’auteur en tant qu’archôn, c’est-à-dire en tant qu’interprète et critique des archives.Je voudrais insister sur le fait que la figure (épistémique) du copiste est porteused’une forme de réflexivité qui concerne plus particulièrement l’écriture et la mémoire.Le copiste peut être en effet considéré comme « une personnification de la mémoireculturelle » 3 et de la copie, parole conservée par et dans l’écrit. En tant que tels, le copisteest inséparable de l’inscription et de l’écriture, donc de la figure de l’écrivain etdes gestes d’inscription – des traces de l’écriture – qui parsèment les deux romans. Acet égard Roland Barthes, évoquant la « Mort de l’auteur », faisait déjà référence auxdeux copistes que sont Bouvard et Pécuchet :1 Cf. Assmann, Erinnerungsräume, p. 21.2 Derrida, J., Mal d'archive: une impression freudienne, Paris, Galilée, 1995, pp. 12-13.3 Reschke, "Zeit der Umwendung", p. 137.358

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