12.07.2015 Views

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

HILDEGARD HABERL. ECRITURE ENCYCLOPEDIQUE, ECRITURE ROMANESQUEAinsi tout leur a craqué dans les mains.Ils n’ont plus aucun intérêt dans la vie.Bonne idée nourrie en secret par chacun d’eux. Ils se la dissimulent – Detemps à autre, ils sourient, quand elle leur vient ; - puis se la communiquentsimultanément : copier.Confection du bureau à double pupitre. – (s’adressent pour cela à un menuisier.Gorgu qui a entendu parler de leur invention leur propose de le faire.Rappeler le bahut).Achat de registres – et d’ustensiles, sandaraques, grattoirs, etc.Ils s’y mettent. (BP, p. 414)Les deux héros se seraient ainsi attelés à un gigantesque travail de copie – retrouvantà la fin de leur existence ce qui avait été jadis leur métier. C’est pour eux unretour à leur occupation initiale. Avant de pouvoir se retirer à la campagne grâce à unhéritage pour enfin se vouer entièrement à la science, Bouvard et Pécuchet étaient eneffet tous les deux copistes, « Bouvard dans une maison de commerce, Pécuchet au ministèrede la marine » (BP, p. 55). Pour l’un comme pour l’autre cette position apparaîtcomme une promotion à la suite d’une histoire personnelle heurtée, qu’ils doivent à labeauté de leur écriture, seule qualité qu’ils ont su construire au cours de leur formationinitiale : à propos de Pécuchet, « enfin un chef de division séduit par son écriture, l’avaitengagé comme expéditionnaire » (BP, p. 59) ; quant à Bouvard « il eut l’inspirationd’utiliser sa belle main ; et depuis douze ans, il se tenait dans la même place, MM. Descambosfrères, tissus, rue Hautefeuille 92. » (Ibid.)Bouvard et Pécuchet sont employés de bureaucraties qui se mettent en placedans le courant du XIX e siècle 1 et dont d’emblée <strong>Flaubert</strong> capte le comique, apportant sacontribution à ce qui devient dès la fin du XIX e siècle un genre littéraire :Bouvard, qui écrivait étalé sur son pupitre et les coudes en dehors pourmieux arrondir sa bâtarde, poussait son espèce de sifflement tout en clignantd’un air malin ses lourdes paupières. Pécuchet huché sur un grand tabouretde paille soignait toujours les jambages de sa longue écriture – mais en gonflantles narines pinçait les lèvres, comme s’il avait peur de lâcher son secret.(BP, p. 67)Au milieu du XIX e siècle le copiste, où plus spécifiquement l’employé de bureau,devient en effet un personnage important de la vie sociale et du même coup de lalittérature moderne. Avec Sylvie Thorel-Cailleteau on peut noter sa présence chez1 Cf. Thuillier, La bureaucratie en France.360

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!