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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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HILDEGARD HABERL. ECRITURE ENCYCLOPEDIQUE, ECRITURE ROMANESQUEs’organise en deux temps : d’une part la reconnaissance d’une même volonté de savoirau cours de la discussion de la première soirée ; puis l’engagement dans un premier parcoursde formation au cours de leur période de vie commune à Paris qui préfigure ouanticipe le parcours qu’ils feront par la suite tout au long du roman.Dans le couple que forment Bouvard et Pécuchet, la science n’est jamais désincarnée,le savoir et l’apprentissage ne sont même jamais abstraits du corps qui constituele sujet. La manière dont les deux héros découvrent leur intérêt commun pour lessciences au soir de leur rencontre sur le boulevard Bourdon – par affinité élective pourrait-ondire – est de ce point de vue très significative. La scène est construite comme unva et vient entre la conversation des deux héros et l’activité du boulevard. Le passaged’un personnage au type social marqué – ouvrier alcoolique, noce, prostituée, prêtre –provoque une discussion sur un sujet d’ordre général évoqué par ce type – la politique,les femmes, la religion, etc. En retour tout se passe comme si la conversation des deuxhéros provoquait également l’activité du boulevard ou comme si celle-ci réagissait àleurs propos : la conversation sur les femmes provoque l’irruption de la prostituée, àlaquelle les deux héros réagissent par un juron, auquel répond l’entrée en scène duprêtre, etc. L’ensemble de la scène apparaît ainsi comme un enchaînement d’idées reçuesprovoqué par des images qui fonctionnent comme des idéaux-types, qui permetaux deux héros de faire connaissance et de passer en revue leurs opinions sur les diverssujets et au narrateur d’exposer leur caractère. De façon significative cependant ce n’estque tard dans la soirée, à table au restaurant, que la conversation en vient à aborder lascience :Pécuchet avait peur des épices comme pouvant lui incendier le corps. Ce futl’objet d’une discussion médicale. Ensuite, ils glorifièrent les avantages dessciences : que de choses à connaître ! Que de recherches – si on avait letemps ! (BP, p. 55)Les deux héros en viennent ainsi à se reconnaître une même appétence pour lascience au détour d’une conversation prosaïque – sur le corps voire, de façon implicite,les entrailles. C’est par accident que le sujet est abordé, à partir d’une série d’idées reçuesdont le ridicule le dispute au grotesque. La volonté de savoir des deux personnagesapparaît ainsi dans cet écart entre la grandeur des aspirations et la médiocrité de leursressorts.336

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