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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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HILDEGARD HABERL. ECRITURE ENCYCLOPEDIQUE, ECRITURE ROMANESQUELe texte même fait allusion à ce jeu avec l’ordre et le désordre, le sens et le nonsens,au moment de la visite de Mme Bordin et de M. Marescot, car comme pour leurjardin paysager Bouvard et Pécuchet veulent montrer et transmettre le savoir de leurmusée à un public. Etonnée par les tuiles qui recouvrent le sol, Mme Bordin demande :- « Pourquoi toutes ces tuiles ? » s’écria Mme Bordin.- « Pour chauffer les étuves ! mais un peu d’ordre, s’il vous plaît ! Ceci estun tombeau découvert dans une auberge où on l’employait comme abreuvoir.» (BP, p. 169)Toute l’ironie est dans la demande d’ordre de Bouvard, qui insiste sur le sérieuxde leur entreprise et propose une visite guidée qui suive un certain déroulement. Bouvardet Pécuchet sont cependant des collectionneurs dilettantes. Ils ne sont maîtres ni dela sélection des objets, ni de leur disposition. Pourtant, avec le geste de déposer lestuiles par terre et de les exposer ils les chargent de sens en appelant à l’imagination 1 .Dans la suite du chapitre, fatigués de leur travail de collectionneurs,d’archéologues et de spécialistes du moyen-âge, d’objets druidiques et de céramique,Bouvard et Pécuchet interrogent l’histoire comme discipline. Ils se lancent dans deslectures sur la Révolution française et l’histoire de Rome qui montrent la pluralité desmanières d’écrire l’histoire. Un passage particulièrement intéressant les voit alorss’engager dans une collection de faïences. Les deux héros pensent avoir faitl’acquisition, en échange contre des fonts baptismaux de leur collection, d’une soupièresupposément très précieuse ornée d’un chiffre mystérieux – la « marque de Rouen »,deux S peints sous le couvercle. Mais une discussion avec le notaire de Chavignolles,M. Marescot – lui-même collectionneur de faïences -, parvient à les convaincre qu’ils sesont trompés sur la valeur de cette soupière, provoquant la colère de Pécuchet qui lacasse en la jetant par terre. La péripétie montre ainsi que « leur musée n’est pour euxque la source d’innombrables incertitudes qui, curieusement, semblent accélérer le processusde fragmentation. La soupière qui, momentanément, a pu représenter une certaineforme de totalité, se défait à cause, dirait-on, des inquiétudes interprétatives1 Voir à propos de l’histoire du musée, de ses gestes et ses formes de présentation les articles de GottfriedKorff rassemblés dans Korff, G., Museumsdinge: Deponieren - Exponieren, Köln, Böhlau, 2002b.284

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