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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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HILDEGARD HABERL. ECRITURE ENCYCLOPEDIQUE, ECRITURE ROMANESQUELe vieux jardinier est critique à l’égard des arboriculteurs modernes. Il croit plutôtaux pratiques des moines chartreux, dans une référence aux moines de la Chartreusede Vauvert, propriétaires d’une célèbre pépinière d’arbres fruitiers à Paris à côté du Palaisdu Luxembourg jusqu’à la Révolution. Le 2 novembre 1789, l'Assemblée Nationalemet un terme définitif à leurs activités en décrétant la nationalisation des biens du clergé,transformant le Luxembourg en jardin public, transformant de facto cet art ancien enobjet du passé 1 . C’est pourtant Edouard que l’on découvre au début du roman en trainde greffer des arbres fruitiers. Et c’est aussi Edouard qui, avec Charlotte, décided’abandonner le vieux jardin du château pour construire un jardin paysager nouveau.S’agit-il ici d’une opposition entre dilettantisme moderne et sagesse ancienne ? La questionest ouverte.Lorsque <strong>Flaubert</strong> reprend le motif littéraire du jardin, l’arboriculture est devenue« une belle industrie » et la nomenclature botanique fait toujours rêver les écrivains. Audébut de leur phase de jardinage, Pécuchet suggère à Bouvard:- « Nous devrions nous livrer exclusivement à l’arboriculture, non pour leplaisir, mais comme spéculation ! – Une poire qui revient à trois sols estquelquefois vendue dans la capitale jusqu’à des cinq et six francs ! Des jardiniersse font avec les abricots vingt-cinq mille livres de rentes ! A Saint-Pétersbourg pendant l’hiver, on paie le raisin un napoléon la grappe ! C’estune belle industrie, tu en conviendras ! Et qu’est-ce que ça coûte ? des soins,du fumier, et le repassage d’une serpette ! » (BP, p. 95)Ils commandent des plants dont les noms « leur paraissent merveilleux » et lesinstallent comme il faut. Ils s’efforcent d’imiter jusqu’à la posture des jardiniers représentéssur les images de leurs ouvrages de référence : « Quelquefois Pécuchet tirait desa poche son manuel ; et il en étudiait un paragraphe, debout, avec sa bêche auprès delui, dans la pose du jardinier qui décorait le frontispice du livre. Cette ressemblance leflatta même beaucoup. Il en conçut plus d’estime pour l’auteur. (BP, p. 97) » Mais ilséchouent à maîtriser les greffes. Le passage qui suit illustre une nouvelle fois la manièredont <strong>Flaubert</strong> insère des savoirs – ici de la botanique et de l’horticulture – dans le romanet son jeu avec la langue scientifique :1 Le patrimoine technique et les variétés que cultivaient les moines ont cependant pu être conservés jusqu’ànos jours. Cf. Delafon, P., Mémoire du Luxembourg: du jardin des chartreux au jardin du Sénat,Paris, Paris Musées, 2004.254

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