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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE IV.DES LIEUX DU SAVOIRet en même temps il rend ridicule une certaine esthétique du paysage et le discours quiva avec. Dans ce rapport entre littérature et art du jardin comme phénomène à la mode,Goethe a pu être un modèle.La reprise de certains motifs et symboles des Affinités électives dans le chapitreII de Bouvard et Pécuchet est importante parce qu’elle montre la continuité de certainesimages littéraires portée par une tradition européenne tout au long du siècle. La déconstruction(Verfremdung) et la mise en question de ces images et représentations de lanature dans le texte littéraire annoncent la fin de cette tradition et l’appel à de nouvellesimages. C’est surtout le roman qui sera au cours du XIX e siècle le lieu de ces images,même si l’avancée du siècle voit les illusions se dissoudre et les jardins devenir deslieux affreux. C’est ce que démontre l’une des dernières scènes du chapitre II, où Bouvardet Pécuchet dévoilent fièrement leur œuvre aux invités :Pécuchet fit un signe. Les rideaux s’ouvrirent, et le jardin apparut.C’était dans le crépuscule, quelque chose d’effrayant. Le rocher comme unemontagne occupait le gazon, le tombeau faisait un cube au milieu des épinards,le pont vénitien un accent circonflexe par-dessus les haricots – et lacabane, au delà, une grande tache noire; car ils avaient incendiés son toitpour la rendre plus poétique. Les ifs en forme de cerfs ou de fauteuils se suivaient,jusqu’à l’arbre foudroyé, qui s’étendait transversalement de la charmilleà la tonnelle, où des pommes d’amour pendaient comme des stalactites.Un tournesol, ça et là, étalait son disque jaune. La pagode chinoisepeinte en rouge semblait un phare sur le vigneau. Les becs des paons frappéspar le soleil se renvoyaient des feux, et derrière la claire-voie, débarrassée deses planches, la campagne toute plate terminait l’horizon. (BP, p. 106)Ce passage décrit une nouvelle fois le regard sur le paysage. Nous sommes encoreface à un tableau. Seulement, c’est maintenant l’anti-idylle qui saute aux yeux. Leparc, le jardin et les éléments typiques du jardin paysager – la pagode, la tonnelle, lascène, le tableau, la ruine, l’écho 1 – apparaissent comme autant de pièces à charge dansle procès de la bêtise humaine. Le paysage n’accroche plus le regard, qui porte au loinsur un panorama plat, sans relief ni couleurs, s’étendant jusqu’à l’horizon – à l’infini 2 .et les "Manuels Roret" ou le paradoxe de la vulgarisation. L'art des jardins dans Bouvard et Pécuchet", icip. 113.1 Sur plus d’explications sur ses éléments cf. Conan, Dictionnaire historique de l'art du jardin.2 <strong>Flaubert</strong> utilise aussi l’image du paysage plat dans sa Correspondance, quand il écrit par exemple àGeorge Sand au moment de l’invasion des troupes allemandes: « Nous allons devenir un grand pays platet industriel comme la Belgique. La disparition de Paris (comme centre du gouvernement) rendra la269

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