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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

résignation à une connaissance à rabais, seulement excusable pour <strong>des</strong> esprits<br />

incapab<strong>les</strong> d'appréhender <strong>les</strong> <strong>principes</strong> <strong>des</strong> choses 10. On s’est senti obligé de<br />

dégager la dialectique de cette gangue pour lui garder un statut légitime parmi<br />

<strong>les</strong> activités intellectuel<strong>les</strong>. C’est ainsi que, tout au long du Moyen Age, et<br />

jusqu’à aujourd’hui dans certaines de ses acceptions vieillies, la dialectique<br />

s’est confondue avec la logique formelle, tant on n’en a plus considéré que<br />

l’aspect rigoureux 11. Cependant, c’est finalement l’aspect discussion, mise à<br />

l’épreuve, qui a perduré dans la notion de dialectique. Le dialecticien donne<br />

principalement l’impression d’un personnage jamais vraiment satisfait,<br />

toujours prêt à réfuter, toujours à la recherche de la faille. Dans la mesure où<br />

l’on a sous-estimé la difficulté de parvenir à un jugement certain et définitif,<br />

on a mal pris cette agressivité et l’on y a vilipendé un désir de se signaler à<br />

tout prix, une recherche de virtuosité intellectuelle, un goût de la complication<br />

à <strong>des</strong>sein, une tendance à la mesquinerie ; heureux encore quand le<br />

dialecticien n’a pas simplement été identifié avec le sophiste ou le chicanier 12,<br />

aussi indifférent qu’eux à la vérité 13. Aujourd’hui encore, le mot garde de ce<br />

10 « (Pour Aristote), il n’y a plus rien de commun entre la recherche de la vérité et la<br />

dialectique. » (Hamelin, Système d’Aristote, 230) — « Contre Zeller, Hamelin estime que<br />

... la dialectique ... ne fait que déblayer le terrain pour l’intuition, qui demeure le seul fondement<br />

pour la démonstration et, par celle-ci, de la science. <strong>La</strong> dialectique ne jouerait donc<br />

d’autre rôle que celui d’un adjuvant, pourrait-on dire, pédagogique à l’usage <strong>des</strong> esprits<br />

insuffisamment intuitifs. Si l’on admet que, de tous <strong>les</strong> hommes, le philosophe est celui qui<br />

a le plus de part à l’intuition, on admettra aussi qu’il est celui qui se passe le mieux de la<br />

dialectique, bien plus, qu’en tant que philosophe, il échappe entièrement aux<br />

limitations qui rendraient nécessaire l’usage de la dialectique.» (Aubenque, Le<br />

Problème de l’être chez Aristote, 296 ; c’est moi qui souligne)<br />

11« <strong>Dialectique</strong>... A. Autrefois : généralement rattachée à la logique... 1. Communément<br />

identifiée à la logique par <strong>les</strong> scolastiques (jusqu’à l’époque contemporaine, <strong>les</strong> traités de<br />

logique écrits en latin s’intitulaient couramment Dialectica). De cette conception, l’essentiel<br />

subsiste dans certaines définitions modernes, avec cette différence toutefois que la<br />

logique est plus théorique (c’est une science), la dialectique plus pratique (c’est un art). »<br />

(Foulquié, Dictionnaire de la langue philosophique, 170-171)<br />

12Chicanier est plus vivant et éclairant qu’une simple translittération pour traduire<br />

ı.<br />

13« <strong>La</strong> dialectique n’était autre chose pour [<strong>les</strong> Anciens] que la logique de l’apparence.<br />

C’était en effet un art sophistique de donner à son ignorance ou même à ses artifices<br />

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