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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

Calliclès. — Ne pourrais-tu pas, à toi seul, faire tout le dialogue, en te<br />

faisant <strong>les</strong> deman<strong>des</strong> à toi, et en te répondant à toi (¢ Ô Ï Ù ¢<br />

ı ) ?<br />

Socrate. — Pour que m’arrive le dit d’Épicharme, que ce qui demandait<br />

tantôt que deux hommes l’expriment, j’arrive à le dire à moi tout seul ! De<br />

fait, il risque bien d’en être forcément ainsi. Si cependant nous procédons de<br />

la sorte, je pense qu’il nous faut tous rivaliser pour discerner entre ce qui est<br />

vrai et ce qui est faux, sur l’objet de notre discussion. Car ce nous est un bien<br />

commun (Ù ı) que cela devienne manifeste. Je vais donc parler<br />

seul et exposer ce qu’il m’en semble à moi. Mais, si je vous semble<br />

m’accorder <strong>des</strong> propositions non conformes à la réalité ( Ï ƒ), il faut<br />

contreproposer et me réfuter. Car ce n’est pas en prétendant déjà le<br />

savoir que je vais dire ce que je vais dire ; au contraire, je mène<br />

avec vous une recherche commune ( Õ). Aussi, si<br />

mon objecteur paraît tenir quelque chose, je serai le premier à concéder. 370<br />

On peut mesurer, après cela, combien est superficielle la distinction,<br />

dans l’exercice de la dialectique, d’une méthode par questions et réponses,<br />

dite socratique, d’une méthode par arguments, dite scolastique, et d’une méthode<br />

commune, dite vulgaire ou informelle 371. Une telle division ne touche<br />

que la présentation tout à fait extérieure. Elle procure même une idée fausse<br />

de la réalité cachée sous <strong>les</strong> apparences extérieures, dans la mesure où elle<br />

donne l’impression que la présence de deman<strong>des</strong> et de réponses, de même que<br />

celle d’arguments, est facultative, objet de simple préférence arbitraire 372.<br />

C’est seulement leur présentation avec l’apparence grammaticale manifeste<br />

de questions, de réponses et d’arguments qui est facultative. Mais il n’y a<br />

aucun progrès dialectique que ce soit sans deman<strong>des</strong>, réponses et arguments.<br />

En d’autres mots, personne ne peut discuter sans user de propositions avec<br />

une certaine conscience qu’el<strong>les</strong> sont inévidentes en el<strong>les</strong>-mêmes et requiè-<br />

370Platon, Gorgias, 505d-506a.<br />

371Voir supra, 112, note 313.<br />

372C’est la première impression qui se dégage aussi, par exemple, quand l’Étranger ou<br />

Socrate et quelque sophiste sont à choisir le mode de leur discussion : longs discours ou<br />

deman<strong>des</strong> et réponses brèves ? Voir Sophiste, 217c ; Protagoras, 334e-335a. Mais, dès que<br />

la question est débattue, du choix entre discours et dialogue, Socrate tient tellement au<br />

dialogue qu’on sent bien qu’il voit sous cette affaire de présentation extérieure quelque<br />

chose de plus fondamental pour l’examen d’un problème. Voir Protagoras, 334c-338e.<br />

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