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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

rien. Aristote, en effet, lorsqu’il définit le terme comme partie de l’énoncé, se<br />

réfère aux choses affirmées ou niées et aux choses de quoi l’on affirme ou nie.<br />

De sorte que la simplicité, ou l’unité, <strong>des</strong> deux termes qui composent un<br />

énoncé se rapporte non pas aux expressions qui servent à signifier quelque<br />

chose, mais à la chose signifiée elle-même 828. Après cette réduction aux éléments<br />

du syllogisme, la <strong>des</strong>cription se précise. On voit qu’est toujours visée,<br />

dans la conclusion, l’union ou la séparation de deux termes, un sujet et un<br />

attribut. Mais on voit aussi que <strong>les</strong> connaissances antérieures sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> on<br />

se fonde pour aboutir là consistent nécessairement en <strong>des</strong> affirmations ou <strong>des</strong><br />

négations rapportant un troisième terme à l’un et à l’autre terme de la conclusion,<br />

puisqu’il faut absolument, pour juger d’une relation entre le sujet et<br />

l’attribut, s’appuyer sur un autre terme dont on connaisse ou admette déjà le<br />

rapport non seulement avec le sujet, mais aussi avec l’attribut de la question.<br />

Il n’y aura jamais aucun raisonnement liant un [terme] à un autre 829 , sans<br />

qu’on en ait obtenu un moyen qui ait un rapport d’attribution à l’un et à<br />

l’autre. Car, absolument, le raisonnement procède de propositions, le<br />

raisonnement liant à ceci procède <strong>des</strong> propositions sur ceci, et celui liant cela à<br />

ceci procède <strong>des</strong> propositions sur [le lien] de cela à ceci. Mais il est impossible<br />

d’obtenir une proposition qui lie à B sans qu’on ne lui attribue ou qu’on n’en<br />

nie rien, ou encore de lier A à B sans obtenir rien de commun, mais en<br />

attribuant ou en niant <strong>des</strong> [termes] propres à l’un et à l’autre. De sorte qu’on<br />

devra obtenir entre <strong>les</strong> deux attributs [propres] un moyen qui <strong>les</strong> lie, si doit en<br />

sortir un raisonnement liant cela à ceci. 830<br />

C’est cette idée que rappelle Aristote dans la Rhétorique lorsqu’il insiste<br />

sur l’absolue nécessité, pour toute argumentation, de procéder <strong>des</strong> caractères<br />

828De l’interpr., 11, 20b12-15 : « Affirmer ou nier une [chose] de plusieurs, ou plusieurs<br />

[choses] d’une seule, sauf si une chose unique ( ) se trouve composée de plusieurs, ce<br />

n’est pas une affirmation ou une négation unique. »<br />

829Û ne signifie pas seulement, de manière intransitive, l’agencement <strong>des</strong><br />

propositions conduisant à une conclusion. Il peut aussi signifier, de manière transitive,<br />

l’acte final de tirer la conclusion ; il a alors pour objet direct la conclusion. Raisonner, en<br />

français, ne se prête pas à cet usage. Il en va de même pour ı : la langue française<br />

ne permet pas de traduire littéralement Ù par raisonnement<br />

d’un terme d’un autre, ni Ù Ù ı par raisonnement de<br />

cela de ceci. J’ajoute liant pour donner l’approximation la plus voisine.<br />

830Prem. Anal., I, 23, 41a2-14.<br />

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