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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

à mieux assumer sa fonction 470. C’est seulement dans ce deuxième cas qu’il y<br />

a inévitablement un dialogue extérieur et deux personnes pour le tenir. Dans<br />

le premier cas, en effet, nous commencions à le dire, il y a plus facilement<br />

dialogue mené par un seul et la situation est moins dialectique, étymologiquement,<br />

même si elle l’est plus, effectivement, pour autant que dialectique<br />

dit investigation d’un problème.<br />

Il y a quelque chose de paradoxal à parler de dialogue mené par un seul.<br />

Mais si l’on veut bien regarder certaines <strong>des</strong> exigences que la recherche bien<br />

conduite impose au demandeur et au répondeur, on verra comment la chose se<br />

présente. Cela tient à deux nécessités, en gros : il n’y a qu’une seule œuvre,<br />

produite au terme, et chaque interlocuteur doit poser tous <strong>les</strong> actes<br />

qui amènent sa production. Il y a une œuvre unique, commune, objet de<br />

tous <strong>les</strong> efforts : le raisonnement. Rappelons <strong>les</strong> péripéties de sa réalisation.<br />

On se trouve devant un problème : laquelle de ses contradictoires procure<br />

l’opinion la plus saine, celle qui a le plus de chances de devenir, le cas<br />

échéant, objet de science, conclusion ou même principe de démonstration ?<br />

On intuitionne ou on pose arbitrairement que ce sera l’une plutôt que l’autre :<br />

voilà la position initiale. Mais on a besoin de tester cette position, de la mettre<br />

470<strong>La</strong> préoccupation fondamentale du dialecticien en possession de tous ses moyens, c'est<br />

l’investigation (Ô) d’un problème et d’une position initiale concernant ce problème.<br />

L’examen ou la mise à l’épreuve () de l’interlocuteur est subordonnée à cette investigation<br />

de base et a pour tout intérêt d’y préparer l’interlocuteur imparfaitement disposé. On<br />

peut, pour nommer plus proprement, en regard de la , cette dimension radicale<br />

de la dialectique, s’inspirer de cette intention qui la définit, la Ô, l’investigation, et<br />

l’appeler , l’investigatoire. C’est sur le même modèle déjà que <br />

désigne l’effort du dialecticien pour soumettre son interlocuteur récalcitrant à une .<br />

Entendus de cette manière restreinte — car ces deux mots sont capab<strong>les</strong> d’une extension<br />

assez gran<strong>des</strong> pour être interchangeab<strong>les</strong> — Ô et recouvrent la double préoccupation<br />

du dialecticien, comme Aristote le fait remarquer lorsqu’il veut opposer cette<br />

préoccupation à celle du chicanier : « Dans <strong>les</strong> réunions dialectiques, cependant, entre gens<br />

qui font leurs raisonnements non à <strong>des</strong> fins de dispute mais à <strong>des</strong> fins de probation et<br />

d’investigation ( Ì Ï Û Ú Ô)... » (Top., VIII, 5, 159a32-<br />

33) Ce sont ces noms, et , que j’ai traduit dans <strong>les</strong> titres de ce<br />

chapitre et du suivant : l’investigatoire et la probatoire, moins obscurs, parce que latins, et,<br />

pour le premier, moins objet de confusion, que ne le seraient <strong>les</strong> hellénismes sceptique et<br />

peirastique.<br />

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