La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La dialectique aristotélicienne
Il indique, ensuite, comment, inversement, on peut remplacer le terme
matériel bien ou désirable par un terme abstrait pour obtenir des lieux du plus
et du moins. Ainsi, ce lieu du préférable : « Ce qui est [bon] par nature [est
plus désirable] que ce qui ne l’est pas par nature » 1248 deviendra le lieu du
plus et du moins : « Ce qui est tel par nature est plus tel que ce qui n’est pas
tel par nature. » 1249 Le reste du livre III est consacré aux lieux qui servent à
conclure particulièrement. Il s’agit de lieux communs. Pourquoi, alors, les
placer après les espèces morales, au lieu de les mettre à la fin du second
livre ? Parce que seulement les problèmes de l’accident, y compris les
problèmes moraux et ceux du plus et du moins, sont susceptibles d’être posés
particulièrement. Or tous les lieux énumérés auparavant visaient les problèmes
universels 1250. Restait donc à offrir les lieux communs ordonnés aux
problèmes particuliers. Aristote évite ainsi les répétitions qu’aurait entraînées
l’énumération séparée des lieux particuliers du préférable et du plus et du
moins 1251. Ce faisant d’ailleurs, il se conforme au programme qu’il traçait au
chapitre introductoire des lieux de l’accident, où il était décidé d’énoncer
d’abord les lieux concernant les problèmes universels « puisque de tels [lieux]
sont communs aux [problèmes] universels et particuliers » 1252.
Toutes ces observations montrent, dans les Topiques, un guide qui regroupe
avec grand soin les lieux utiles à chaque type de problème. Un dernier
raffinement achèvera d’en convaincre. « Comme on introduit les positions
davantage dans l’affirmative que dans la négative, les dialecticiens ont davantage
à détruire. » 1253 On aimera donc à trouver donnés en premier les lieux
destructifs. Brunschwig, du fait que « presque tous les lieux du livre II
1248Ibid., 1, 116b10.
1249Ibid., 5, 119a16-17.
1250Aristote renvoie explicitement à tous ces lieux comme universels : « Si, par ailleurs,
on pose le problème en partie et non universellement, d’abord les lieux universels que nous
avons fournis sont tous utiles. »
1251Il est significatif que les exemples donnés dans Top., III, 6 concernent aussi bien des
problèmes moraux (voir 119a38, 119b4-35, 120a6-27) que des problèmes plus abstraits de
simple attribution (voir 119b1-2, 119b35-120a5, 120a27-32).
1252Top., II, 1, 109a6-7.
1253Ibid., 109a8-10. çÌ, détruire, au sens de conclure négativement.
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