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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

ce dont précisément a besoin le dialecticien pour discerner lui-même et pour<br />

faire admettre à son répondeur <strong>les</strong> propositions de son argumentation, il n’est<br />

pas étonnant qu’Aristote ait voulu définir la matière dialectique à partir de ce<br />

signe. Il faut dire plus : le mot , qu’il a choisi pour désigner cette matière,<br />

se rattache, par son étymologie, à cette conséquence vérifiable de sa<br />

nature. De sorte qu’on rend plus exactement l’idée d’Aristote par l’expression<br />

idée admise, comme le fait Brunschwig 145, que par le mot probable, selon<br />

l’habitude héritée de la tradition latine. Le mot probable, toutefois, n’est pas<br />

du tout à rejeter. Il désigne fort bien la matière dialectique 146, et comme plus<br />

essentiellement. Endoxe, ou idée admise, font allusion à son signe visible ;<br />

probable la désigne plus directement comme issue de la sympathie naturelle<br />

de la raison, comme proposition admissible spontanément, sans discussion ni<br />

réticence prononcée. Probable, en effet, dit que l’on peut approuver 147. <strong>La</strong><br />

connaissance antérieure qui fonde le progrès dialectique peut se qualifier<br />

aussi bien d’idée admise ou de probable, à condition d’avoir conscience que<br />

la seconde appellation s’inspire plus directement de ce qui fonde sa légitimité<br />

comme principe, tandis que la première la regarde plutôt dans ce qui nous fait<br />

reconnaître cette légitimité en elle. Reste à souligner que cette sympathie<br />

naturelle de la raison ne tient pas à un caprice interne, ni ne marque quelque<br />

indépendance par rapport à l’observation sensible. Bien au contraire, elle<br />

probablement vraies, mais en tant qu’el<strong>les</strong> sont véritablement approuvées. » (Brunschwig,<br />

xxxv)<br />

145 Voir Brunschwig, xxii.<br />

146À condition de ne pas l’entendre trop bêtement au sens de ce qui peut se prouver, au<br />

sens de ce qui peut devenir conclusion d’un argument ; ce serait là un grave contresens,<br />

puisque c’est le principe de l’argument dialectique que nous cherchons ici à caractériser. Le<br />

Blond n’évite pas cet écueil : « Est probable ce qui a pour soi <strong>des</strong> raisons sérieuses. » (Le<br />

Blond, 10 ; voir aussi 14-15, où il commet la même confusion à l’endroit de l’antonyme<br />

, cherchant sa définition dans un propos d’Aristote concernant <strong>des</strong> positions à éviter,<br />

<strong>des</strong> conclusions à ne pas viser, et non <strong>des</strong> <strong>principes</strong> invali<strong>des</strong>.<br />

147Voir Ernout-Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine, 537 : « Probo, -as<br />

'trouver bon ; approuver' ; et aussi 'faire approuver, éprouver', d’où 'démontrer, prouver'. »<br />

— « Un syllogisme … est dialectique, dit Aristote, lorsque ses prémisses sont ,<br />

c’est-à-dire lorsqu’el<strong>les</strong> sont approuvées “par tous <strong>les</strong> hommes”. » (Brunschwig, xxxivxxxv)<br />

— On trouve une dissertation sur ce point dans la thèse de Georges Frappier, L’Art<br />

dialectique dans le traité De l’Âme d’Aristote, 22-23.<br />

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