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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

Le répondeur doit se montrer intraitable, et exiger inflexiblement <strong>les</strong><br />

définitions et <strong>les</strong> divisions indispensab<strong>les</strong> à l’appréhension claire de la<br />

demande présentée, de manière à adresser sa réponse précisément à elle.<br />

Cependant, quand le demandeur se sera plié à toutes ces exigences de clarté et<br />

de simplicité, le répondeur devra répliquer avec un oui ou un non franc.<br />

Lésiner davantage serait malséant et compromettrait par l’autre extrême<br />

l’investigation 574.<br />

Une fois la demande en état d’être comprise, le répondeur l’accorde ou la<br />

refuse, suivant qu’il la juge endoxale ou adoxale, « sans se perdre en subtilités<br />

indiscrètes (), donc en répondant ce qu’il pense tout<br />

simplement ( Ì) » 575. Il n’est pas question de liberté ou de<br />

caprice en cela 576. Mais ce n’est pas aussi simple qu’il paraît. Il ne s’agit pas<br />

toujours, pour le répondeur, de confronter la demande avec <strong>les</strong> critères de<br />

l’endoxalité absolue. Le répondeur doit d’abord s’harmoniser avec le niveau<br />

de la discussion 577. D’où part l’investigation ? Ne part-elle de rien du tout ou<br />

s’inscrit-elle dans le cadre particulier d’une recherche déjà entamée ? Part-on<br />

de l’opinion d’un expert particulier sur la question ? Se situe-t-on dans un<br />

groupe qui examine le problème depuis déjà quelque temps ? Le cas le plus<br />

simple est celui où l’on part de zéro. Là, oui, le répondeur n’aura, pour former<br />

son appréciation d’autres critères que ceux qui définissent l’endoxal<br />

absolu 578. Mais c’est, pratiquement, un cas rare. Dès qu’on en sort, dès que,<br />

574 « Si ce qui est demandé est à la fois clair et simple, on doit répondre ou oui ou non. »<br />

(Top. VIII, 7, 160a33-34) De même : « Quand assez de division a été effectuée, le répondeur<br />

doit nécessairement dire ou oui ou non. » (Réf. soph., 17, 175b13)<br />

575Parménide, 137b.<br />

576« Ce qui est dit correctement, il lui est nécessaire de l’accepter ou, s’il ne l’accepte pas,<br />

d’en être complètement ridicule. » (Hippias majeur, 290a) — « Il n’est aucunement permis<br />

de ne pas concéder à celui qui parle correctement. » (Ibid., 304a)<br />

577Et s’il lésine trop à le faire, le demandeur est en droit de s’en impatienter et de l’y<br />

presser. Par exemple : « Socrate : Y a-t-il un homme injuste qui te donne l’impression<br />

d’être sage en cela même qu’il commet une injustice ? — Protagoras : Je rougirais de<br />

l’admettre, Socrate, du moins quant à moi, car beaucoup le disent parmi <strong>les</strong> hommes. —<br />

Socrate : Dois-je monter le raisonnement contre eux ou contre toi ? » (Protagoras, 333c)<br />

578« Bien sûr, si ce qui est posé est endoxal ou adoxal absolument, on doit effectuer la<br />

discrimination en regard de ce qui est endoxal absolument. » (Top. VIII, 5, 159b24-25) —<br />

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