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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

quelque chose qui lui est extérieur, et de ne jamais satisfaire tout à fait<br />

complètement 187.<br />

On peut comprendre maintenant comment se rattache à tout ce contexte<br />

un autre vocabulaire auquel Aristote recourt fréquemment pour distinguer<br />

dialectique et science : le dialecticien enracine toute sa réflexion en <strong>des</strong> <strong>principes</strong><br />

communs, tandis que le savant () n’admet que <strong>des</strong> <strong>principes</strong><br />

propres 188. Pas de démonstration, et donc pas de science, si l’argument ne<br />

187« À propos de ces attributs de l’être dont nous avons parlé, le dialecticien appuie son<br />

procédé sur <strong>des</strong> conceptions probab<strong>les</strong>. Aussi ne produit-il pas la science, mais une certaine<br />

opinion. Et cela provient de ce que l’être est double : il y a être de raison et être réel. Or on<br />

appelle proprement êtres de raison ces relations que la raison découvre dans <strong>les</strong> choses une<br />

fois qu’elle connaît ces dernières : il en est ainsi de la relation de genre, d’espèce et d’autres<br />

semblab<strong>les</strong>, qui ne se trouvent certes pas dans la réalité (natura) <strong>des</strong> choses, mais qui<br />

résultent chez el<strong>les</strong> de la connaissance que la raison en acquiert. Ce sont ces relations, c’està-dire<br />

cet être de raison, qui constituent proprement le sujet de la logique. Or ces relations<br />

intelligib<strong>les</strong> forment comme un parallèle (aequiparantur) aux êtres réels, du fait que tous<br />

<strong>les</strong> êtres réels se prêtent à être connus par la raison. Voilà pourquoi le sujet de la logique<br />

s’étend à toutes <strong>les</strong> choses qu’on peut qualifier d’êtres réels. Aussi Aristote conclut-il que le<br />

sujet de la logique forme comme un parallèle au sujet de la philosophie, lequel est l’être<br />

réel. Ainsi donc, pour prouver ce qu’il y a à connaître sur <strong>les</strong> accidents communs de l’être<br />

mentionnés plus haut (le même, l’autre, le semblable, le dissemblable, etc), le philosophe<br />

s’appuie sur <strong>les</strong> <strong>principes</strong> propres de l’être réel même. Tandis que, en vue de cette connaissance,<br />

le dialecticien s’appuie, lui, sur <strong>les</strong> relations de raison, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> sont étrangères<br />

à la réalité <strong>des</strong> choses. Voilà pourquoi on dit que la dialectique est probative (tentativa,<br />

), parce que mettre à l’épreuve (tentare, ), c’est justement procéder à<br />

partir de <strong>principes</strong> étrangers. » (S. Thomas, In IV Met., 4, #574)<br />

188Bien <strong>des</strong> commentateurs achoppent sur cette affirmation capitale, confondant ce<br />

caractère commun <strong>des</strong> propriétés logiques, communes aux représentations de toutes <strong>les</strong><br />

choses particulières, avec le caractère commun attaché aux représentations <strong>les</strong> plus universel<strong>les</strong>,<br />

cel<strong>les</strong> <strong>des</strong> natures présentes dans le plus grand nombre de réalités concrètes. Par<br />

exemple : « Assurément, il existe une certaine antinomie pour le système aristotélicien entre<br />

le général et le particulier. » (Maier, Die Syllogistik <strong>des</strong> Aristote<strong>les</strong>, II, 2, 218] — Zeller,<br />

quant à lui, parle de « contradiction » à ce sujet (Voir Philosophie der Griechen, II, 2, 209).<br />

— De même encore : « Chaque science part de <strong>principes</strong> appropriés et ne se livre pas à<br />

propos de ces <strong>principes</strong>, à <strong>des</strong> considérations généra<strong>les</strong>, alors que c’est là précisément “le<br />

propre, la caractéristique particulière de la dialectique”… Cette opposition … ne représente<br />

pas cependant toute la pensée d’Aristote sur la science, toutes ses tendances dans la<br />

recherche scientifique. À côté de la tendance au particulier en effet, se fait jour dans la<br />

science <strong>aristotélicienne</strong> elle-même, une tendance au général, qui n’est pas alors considérée<br />

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