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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

embarrassé et ne s’attaquera même pas à te réfuter. » 522 On mesure l’illusion<br />

nourrie là si on réfléchit que <strong>les</strong> propositions acceptées légitimement par le<br />

répondeur, parce qu’endoxa<strong>les</strong>, et donc sans prise nécessaire sur la réalité,<br />

sont ouvertes à contenir de la fausseté et, par conséquence irrémédiable, de la<br />

contradiction. Bref, toute position, et même toute opinion, comporte ses<br />

conséquences contradictoires, et il n’est que réaliste et efficace, pour progresser,<br />

de s’attacher à déceler, à faire ressortir ces contradictions. C’est à<br />

cela que travaillent en commun demandeur et répondeur, et c’est à garantir la<br />

meilleure réfutation de toute position qu’Aristote encourage le répondeur. « Il<br />

appartient au répondeur que l’impossible ou le paradoxal ait tout l’air de<br />

s’ensuivre ... à cause de la position. » 523<br />

Mais ne dit-on pas souvent et ne faut-il pas admettre que le répondeur<br />

défend la position initiale ? Ne sont-ce pas d’autres noms adéquats pour le<br />

répondeur que défenseur et gardien ? Aristote lui-même ne considère-t-il pas<br />

que le fait de ne pas « garder la position » 524 constitue la principale faute du<br />

répondeur ? Si fait ! Mais c’est seulement contre lui-même, contre son inattention<br />

que le répondeur défend la position. Il s’ingénie à empêcher qu’on<br />

prenne pour réfutation ce qui n’en est pas une. Il met toute son énergie dans<br />

<strong>les</strong> précautions qui permettent d’éviter qu’au cours du dialogue, on ne rattache<br />

à la position <strong>des</strong> inconvénients qui lui sont en fait étrangers. Jamais, en<br />

somme, le répondeur ne défend la position contre sa propre faib<strong>les</strong>se à elle,<br />

contre <strong>les</strong> contradictions qui lui sont inhérentes. C’est justement le contraire.<br />

Il veut tellement que cette faib<strong>les</strong>se et ces contradictions ressortent manifestement,<br />

qu’il met tout en œuvre pour qu’el<strong>les</strong> ne soient pas masquées et obscurcies<br />

sous d’imaginaires faib<strong>les</strong>ses et contradictions dues à son incurie à lui.<br />

C’est le sens de la <strong>des</strong>cription complète, fournie par Aristote, de cette<br />

préoccupation : « Il appartient au répondeur que l’impossible ou le paradoxal<br />

522Ibid., 289e : « … Ú Ã Ô. »<br />

523Top. VIII, 4, 159a20-22.<br />

524Voir ibid., 159a22-24 : « C’est sans doute une faute ... que de ne pas garder comme il<br />

convient ce qui a été posé. »<br />

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