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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

jeu. Il leur est clair à tous que le répondeur n’énonce pas en tant qu’il sait<br />

déjà ce qui est conforme à la réalité, mais pour fournir une position à examiner<br />

et un propos à conclure en contradiction, pour voir ce que cela donne,<br />

comment cela sonne 699. À la demande initiale : Est-ce que B est A ?, il ne<br />

répond pas : Voici, je le sais, B est A ! mais : Je ne sais pas. Ce pourrait être<br />

l’une comme l’autre <strong>des</strong> contradictoires. Disons que B est A, pour voir si<br />

nous allons pouvoir facilement conclure avec rigueur la contradictoire et<br />

ainsi progresser en voyant bien qu’il faut rejeter cette position initiale. Et<br />

partant de là, demandeur et répondeur travaillent de concert, l’un suggérant,<br />

l’autre appréciant <strong>les</strong> propositions et <strong>les</strong> attaques contre la position initiale. Il<br />

ne devient proprement question d’adversaire, ou d’attaque contre la personne<br />

de l’interlocuteur en plus ou prioritairement à une attaque contre la position,<br />

que lorsque l’un <strong>des</strong> deux tient mal son rôle dans cette réalisation commune,<br />

du fait qu’il prétende déjà savoir de quelque façon où l’investigation doit mener<br />

700. Ce n’est pas obligatoire, mais c’est facilement le répondeur, alors, qui<br />

a cette prétention. Car le répondeur qui croit déjà pouvoir juger avec<br />

assurance de la validité de la position initiale est bien tenté de la faire<br />

tellement sienne qu’il guette et refuse systématiquement tout ce qui pourrait<br />

servir de principe pour l’attaquer 701. C’est refuser la discussion franche et<br />

c’est pervertir le dialogue en chicane, à moins que l’interlocuteur n’ait<br />

l’habilité de démasquer sa double ignorance de façon assez flagrante pour le<br />

699Et le demandeur, en corrélation, est indifférent à ce que le répondeur ait ou non sa<br />

petite idée de la question avant discussion. Ce qu’il attend et examine, c’est une position,<br />

non un enseignement. Mais une position qui doit être tenue avec cohérence ; et qu’il doit<br />

attaquer systématiquement ; aussi sa manière de demander et celle de répondre de son<br />

interlocuteur restent-el<strong>les</strong> quand même toujours quelque peu en examen, de manière sousjacente<br />

à l’examen de la position comme telle. Par exemple : « Ça ne me fait rien, du<br />

moment que tu réponds, que tu penses ou non de fait ce que tu réponds. Car, moi, c’est<br />

surtout la position (ı) que j’examine, quoiqu’il s’ensuit peut-être que je me trouve<br />

aussi à m’examiner, moi qui demande, et aussi celui qui répond. » (Protagoras, 333c)<br />

700Ou qu’il craigne de répréhender comme il se doit <strong>des</strong> propositions non recevab<strong>les</strong>. Par<br />

exemple : « Ils me réfuteront, si c’est pour te plaire que je concède. » (Phèdre, 235b)<br />

701Il « détourne <strong>les</strong> raisons (qui constituent le raisonnement), du fait de ne pas vouloir<br />

accorder de raison (de proposition) » (Protagoras, 336c-d). Sa misère tient à ne vouloir<br />

absolument pas tenir son rôle, qui consisterait à poser, sur demande, ce qui est susceptible<br />

de détruire la position.<br />

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