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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

fonder en eux un jugement irrévocable sur cet énoncé problématique. Cette<br />

situation oblige à effectuer deux opérations. Il faut d’abord découvrir ou concevoir<br />

<strong>des</strong> énoncés qui concernent le sujet et l’attribut de ce problème, <strong>des</strong><br />

énoncés où ce sujet et cet attribut entrent en composition avec d’autres termes<br />

auxquels ils s’assujettissent ou s’attribuent. Cette opération requiert l’exercice<br />

de tout ce que l’intelligence a de qualité créatrice, met en branle tous ses<br />

appuis d’imagination et de mémoire pour sortir de son fonds ce qui peut avoir<br />

quelque chance de se dire sur <strong>les</strong> choses en question. Mais il faut ensuite soumettre<br />

à un jugement cette production, et trier, choisir ce qui pourrait valablement<br />

servir d’appui dans l’examen du problème. C’est là que se fait la comparaison<br />

avec ce qu’en pensent le commun, le sage, l’expert. Admettent-ils, de<br />

fait, ou admettraient-ils, si on le leur proposait, la composition suggérée de tel<br />

attribut avec tel sujet, pour en manifester l’essence ou <strong>les</strong> accidents ? Et là,<br />

d’autres qualités sont requises. Cette seconde opération tient davantage du<br />

sens commun, du flair, de l’expérience intellectuelle. C’est la différence si<br />

grande de ces deux opérations à mener de front, et <strong>des</strong> qualités qu’el<strong>les</strong> requièrent<br />

respectivement, qui rend tellement plus naturel qu’el<strong>les</strong> soient confiées<br />

à deux personnes différentes 347. L’une demande : elle suggère que l’on<br />

prenne appui, dans la recherche, sur la composition de tel attribut à tel sujet.<br />

L’autre répond : elle apprécie la valeur endoxale de cette suggestion : “oui,<br />

tous ou <strong>les</strong> sages ou <strong>les</strong> experts disent effectivement cela” ; ou : “non, ces autorités<br />

n’admettraient pas cela, ou alors avec beaucoup de réticence, ou encore<br />

347Tant qu’on ne saisit pas la nécessité absolue de cette double opération enracinée dans<br />

la nature du matériau endoxal, on ne peut voir le dialogue que comme un accident.<br />

Accident superficiel de présentation littéraire, d’un enseignement tout aussi bien que d’une<br />

recherche. Et même si l’on en vient, comme Schaerer, à percevoir que chez Platon, par<br />

exemple, le dialogue a quelque chose de nécessaire, on ne voit pas plus qu’une nécessité de<br />

choix personnel : Platon fait comme ça, lui… « Tandis que Pascal et Hume conçoivent la<br />

forme dialoguée comme un artifice <strong>des</strong>tiné à communiquer plus de vie aux idées exprimées,<br />

cel<strong>les</strong>-ci demeurant toujours le but et la raison d’être de l’œuvre et la discussion obéissant<br />

constamment dans sa marche, aux intentions didactiques de l’auteur, lequel ne fait que<br />

mettre sous une forme dramatique un discours suivi — chez Platon, l’élément premier c’est<br />

le dialogue et l’élément secondaire, l’idée, ou, si l’on veut, l’idée n’a sa signification que<br />

par sa place dans le dialogue: elle n’en constitue ni la raison d’être ni le terme. » (Schaerer,<br />

<strong>La</strong> Question platonicienne, 12-13)<br />

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