23.06.2013 Views

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Yvan Pelletier<br />

peuvent être identiques : par exemple, de ce que l’animal raisonnable rit, on<br />

peut conclure, tant dialectiquement que démonstrativement, que l’homme rit.<br />

Mais formellement, la différence sera grande : dans la mesure où l’on accepte<br />

comme un simple endoxe que le moyen terme animal raisonnable définit le<br />

mineur homme, on s’appuie sur <strong>les</strong> propriétés logiques de la définition pour<br />

conclure et l’on aboutit à une opinion légitime ; tandis que, dans la mesure où<br />

l’on a l’évidence que l’homme a cette essence, on démontre, et on accède dès<br />

lors à la science 852. Ce rapport du raisonnement dialectique aux propriétés<br />

logiques et aux choses est admirablement expliqué par saint Thomas lorsque,<br />

commentant la Métaphysique, il en vient au passage où Aristote compare le<br />

philosophe au dialecticien et au sophiste :<br />

Le philosophe procède démonstrativement, sur le commun dont nous avons<br />

parlé 853 . Et c’est pourquoi il lui appartient d’en avoir la science, et de le connaître<br />

avec certitude. Car la connaissance certaine ou la science est l’effet de la<br />

démonstration. Le dialecticien, lui, à propos de tout cela, procède de données<br />

probab<strong>les</strong> ; c’est pourquoi il ne produit pas la science, mais une opinion. Et la<br />

raison en est que l’être est double : à savoir l’être de raison et l’être de nature.<br />

Or on appelle proprement être de raison ces intentions que la raison découvre<br />

dans <strong>les</strong> choses qu’elle considère, comme par exemple, l’intention de genre,<br />

d’espèce, et d’autres semblab<strong>les</strong>, qui ne se trouvent pas dans la nature <strong>des</strong><br />

choses, mais sont <strong>des</strong> conséquences de la considération de la raison. Et c’est<br />

une chose de cette sorte, à savoir l’être de raison, qui est proprement le sujet<br />

de la logique. Par ailleurs, ce genre d’intentions intelligib<strong>les</strong> recouvrent <strong>les</strong><br />

êtres de nature, du fait que tous <strong>les</strong> êtres de nature tombent sous la considération<br />

de la raison. Et c’est pourquoi le sujet de la logique s’étend à tout ce à<br />

quoi s’attribue l’être de nature. D’où Aristote conclut que le sujet de la logique<br />

recouvre le sujet de la philosophie, qui est l’être de nature. Le philosophe<br />

procède donc <strong>des</strong> <strong>principes</strong> de l’être même pour prouver ce qui est à considérer<br />

concernant de tels accidents communs de l’être. Le dialecticien, lui, s’emploie<br />

à <strong>les</strong> considérer à partir <strong>des</strong> intentions de la raison, qui sont extrinsèques<br />

(ibid.) ; sur ce que Ù Ó Ï Ù Ô, c’est en effet la cause le moyen (II, 2,<br />

90a7) ; et, d’autre part, sur ce que ı ≈ Ù Ãı Ù Û Ú Ï Û<br />

, il est manifeste que c’est la même chose ce que c’est et pourquoi cela est (90a14-<br />

15). Voir aussi 90a31-32 ; 3, 90b30.<br />

852Pour un bon exemple commenté de l’identité matérielle et de la différence formelle<br />

d’un argument qui pourrait être démonstratif ou dialectique, ou même sophistique, voir<br />

s. Thomas, De demonstratione.<br />

853Tout, l’être comme tel, ses propriétés.<br />

306

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!