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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

son objet de recherche. Essentiellement dialectique et demanderesse, la<br />

qualité qui habilite la raison à prendre appui dans <strong>les</strong> conceptions endoxa<strong>les</strong><br />

est aussi essentiellement sceptique, pourrait-on dire, en la dénommant d’après<br />

son intention obligée, telle que la nomment très souvent Aristote et Platon :<br />

une Ô, une investigation, une recherche. Bien plus, cette nature<br />

profondément sceptique et investigatrice de la dialectique revêt une tournure<br />

qui fait comprendre pourquoi ce terme sceptique a pu revêtir, en français, la<br />

nuance péjorative d’une incrédulité à tout crin. Car c’est de façon permanente<br />

que la dialectique est investigatrice. En effet, en tant que dialectique, jamais<br />

elle ne met la main sur un argument qui tranche définitivement la demandeproblème<br />

384. Car chaque proposition qu’elle invoque, quelque large que soit<br />

l’autorité qui la garantisse, reste toujours en dehors de l’évidence et, pour<br />

autant, perçue comme contingente. Toujours, même si « la raison incline tout<br />

entière vers une partie de la contradiction », c’est « avec la crainte de<br />

l’autre » 385. Or cette crainte, jamais absente de la prémisse, se transmet<br />

inévitablement à la conclusion et laisse toujours la raison d’une certaine façon<br />

sceptique et comme en suspens au beau milieu de son investigation. Encore<br />

une fois, cet état d’investigation permanente 386 est l’effet inaliénable de<br />

prémisses endoxa<strong>les</strong>. Comme, par ailleurs, toute cette situation est le lot de la<br />

raison bien plus habituellement que la démonstration, Aristote aime qualifier<br />

le processus dialectique de ı, de rationnel 387. On parle différemment,<br />

384« <strong>La</strong> dialectique est incapable d’établir à elle seule la vérité d’une proposition… la<br />

dialectique, faute d’un savoir réel, ne pouvant décider de la vérité ou de la fausseté <strong>des</strong><br />

prémisses de l’argumentation. » (Aubenque, <strong>La</strong> <strong>Dialectique</strong> chez Aristote, 11) — « L’intention<br />

du dialogue n’est donc pas la communication de vérités définitives, déduites de prémisses<br />

certaines, mais le cheminement progressif de l’esprit vers la connaissance de<br />

l’Idée. » (<strong>La</strong>france, 38)<br />

385S. Thomas, In Post. Anal., proœmio, #6.<br />

386Robinson caractérise par <strong>des</strong> termes fort apparentés la méthode dialectique platonicienne<br />

: « The general nature of Plato's hypothetical method may, therefore, be suggested<br />

by the words hypothesis, deduction, consistency, provisionality, approximation. » (Plato's<br />

Earlier Dialectic, 109 ; c’est moi qui souligne)<br />

387« Le terme ultime auquel l’investigation de la raison doit conduire est l’intelligence<br />

<strong>des</strong> <strong>principes</strong> ; c’est en résolvant en elle que nous jugeons. Certes, quand cela se produit, on<br />

ne parle pas de processus ou de preuve rationnelle, mais de démonstration. Quand,<br />

cependant, l’investigation de la raison ne conduit pas jusqu’à ce terme ultime, mais s’arrête<br />

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