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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

<strong>La</strong> dialectique est donc, selon Aristote, une façon de penser, ou plutôt de<br />

parler, qui se meut au-delà <strong>des</strong> essences et est donc dépourvue de tout point<br />

d’appui réel qui lui permette d’avancer. 155<br />

Cela est compréhensible. Il est parfaitement naturel, dirait Aristote, de<br />

chercher le principe de sa démarche rationnelle dans l’expérience que la raison<br />

a de ses œuvres, quand on ne dispose pas avec suffisance d’évidence<br />

directe <strong>des</strong> choses mêmes. Et tout homme le fait spontanément, quoique avec<br />

une adresse plus ou moins grande. Mais, d’une part, il n’en reste pas moins<br />

que l’évidence directe <strong>des</strong> choses est meilleure, quand elle est disponible, et<br />

donne une connaissance plus satisfaisante : elle permet le jugement scientifique.<br />

Aussi est-elle préférée d’instinct et est-il naturel, comme Socrate, de se<br />

montrer déçu, quasi par définition, même de la meilleure <strong>des</strong> opinions, du<br />

seul fait de cette abscence de prise directe sur la réalité.<br />

Hé quoi ! dis-je, ne perçois-tu pas, pour <strong>les</strong> endoxes privés de science,<br />

comme ils sont tous laids ? Les meilleurs d’entre eux sont aveug<strong>les</strong>. Ou est-ce<br />

que ceux qui, sans intelligence 156 , se forment un endoxe vrai te donnent l’impression<br />

de présenter quelque différence avec <strong>des</strong> aveug<strong>les</strong> qui iraient droit<br />

leur chemin ? 157<br />

D’autre part, on sous-estime facilement la difficulté de se mettre en possession,<br />

pour chaque chose, <strong>des</strong> <strong>principes</strong> propres de son évidence complète<br />

et directe ; or si cela était si facile, et simple question de bonne volonté, on<br />

aurait bien raison de honnir la négligence et la mauvaise volonté de ceux qui<br />

s’en tiendraient à <strong>des</strong> <strong>principes</strong> rationnels. D’autre part, enfin, et c’est en<br />

grande partie ce qui entretient l’illusion, bien que tous recourent spontanément,<br />

et même pour la grande majorité de leurs raisonnements, à leur expérience<br />

rationnelle pour se procurer <strong>des</strong> <strong>principes</strong>, c’est bien inconsciemment<br />

qu’ils le font, et en croyant alors résoudre en une évidence directe et appropriée<br />

<strong>des</strong> choses réel<strong>les</strong> mêmes. Car il est extrêmement difficile de se rendre<br />

compte si le motif de son adhésion à une conclusion ressort d’une évidence de<br />

155Le Problème de l’être…, 293.<br />

156. Les <strong>principes</strong> immédiats de la science sont saisis intuitivement par une intelligence<br />

<strong>des</strong> <strong>principes</strong> qui constitue un habitus intellectuel différent de celui de la science,<br />

habitus <strong>des</strong> conclusions, mais définitif et infaillible comme lui.<br />

157République, 506c.<br />

56

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