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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

Alors, d’où vient que la compétence du dialecticien s’étende ainsi à<br />

toutes choses ? Que sait-il donc, quel caractère spécial présentent ses <strong>principes</strong><br />

immédiats pour qu’il lui soit légitime de discourir de tout, même si son<br />

discours revêt un ton moins péremptoire que celui du démonstrateur ? <strong>La</strong><br />

raison est la même qui habilite aussi le métaphysicien à parler de toutes<br />

choses : il <strong>les</strong> regarde sous un angle qui <strong>les</strong> englobe toutes : l’être. On ne peut<br />

parler de tout que dans la mesure où l’on regarde <strong>les</strong> choses à travers quelque<br />

chose qu’el<strong>les</strong> ont toutes en commun. Le naturaliste (ı) fait porter ses<br />

démonstrations sur toutes <strong>les</strong> choses naturel<strong>les</strong> parce qu’il procède d’une<br />

évidence portant sur quelque chose qu’el<strong>les</strong> ont toutes en commun : le<br />

mouvement. Mais il ne peut traiter d’êtres à qui le mouvement est étranger.<br />

Le géomètre sait au départ ce qu’est la grandeur continue : à cette lumière, il<br />

peut juger <strong>des</strong> propriétés de toute figure, mais non <strong>des</strong> propriétés <strong>des</strong><br />

nombres. <strong>La</strong> considération d’une science ne va donc pouvoir s’étendre à tout<br />

qu’à condition de procéder d’une évidence portant sur quelque nature<br />

commune à tout. C’est le cas du métaphysicien, philosophe premier<br />

(ı). Son objet propre, c’est l’être en tant qu’être. Ce qu’il connaît,<br />

ce sont <strong>les</strong> propriétés qui appartiennent à une chose du fait même qu’elle soit.<br />

Ce qu’il dira concernera donc toutes choses. Si le dialecticien peut lui-même<br />

parler de tout, c’est obligatoirement pour le même motif : il regarde <strong>les</strong> choses<br />

en cela même qu’el<strong>les</strong> sont, il considère le même genre-sujet que le métaphysicien<br />

: l’être.<br />

Les dialecticiens discutent de toutes [choses] ; or, ce qu’il y a de commun à<br />

toutes choses, c’est [seulement] l’être ; ils en discutent [donc] manifestement<br />

pour la [même] raison pour laquelle ces choses sont appropriées à la philosophie.<br />

En effet, ... la dialectique vise le même genre que la philosophie. 177<br />

177Mét., , 2, 1004b19-23. Le commentaire de s. Thomas est éclairant : « (<strong>La</strong> dialectique<br />

et la philosophie) se ressemblent en ce qu’il convient au dialecticien de traiter de toutes<br />

choses. Or cela ne se pourrait pas, s’il ne traitait pas de toutes choses selon quelque trait<br />

commun qui leur convient à toutes : parce qu’à une science, il n’est qu’un sujet et à un art il<br />

n’est qu’une matière sur quoi porte son opération. Comme, donc, il n’y a pas d’autre trait<br />

que l’être, qui convienne à toutes, il devient manifeste que la matière de la dialectique est<br />

l’être, et ces propriétés qui lui appartiennent, ce qui est déjà l’objet de la considération du<br />

philosophe. » (S. Thomas, In IV Met., 4, #573)<br />

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