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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

Parler ainsi du lieu convient dans la mesure où l’on n’oublie pas de distinguer<br />

entre le lieu et sa formulation. Or, ce n’a pas toujours été le cas. Déjà,<br />

quand Boèce introduit ces expressions propositio universalis et propositio<br />

maxima, il est bien douteux qu’il voie, derrière <strong>les</strong> énoncés ainsi désignés, <strong>les</strong><br />

relations logiques antérieures qu’ils formulent. On aperçoit cette confusion de<br />

Boèce entre le lieu et sa formulation, quand il répond à une question que<br />

soulève l’usage du mot proposition pour désigner cette formulation : dans<br />

quelle mesure le lieu, ainsi dit ‘proposition’ et ‘maxime’ entre-t-il comme<br />

partie intégrante de l’argument ? Car le mot proposition désigne encore plus<br />

couramment l’énoncé posé dans l’argument en vue de la conclusion, celui qui<br />

constitue matériellement l’argument. De ce double usage devait bien sûr s’ensuivre<br />

la tentation de voir dans le lieu une prémisse. Boèce lui-même y succombe<br />

et, ne voyant pas au juste ce qui distingue lieux commun et propre, se<br />

contente d’observer sans l’expliquer que le lieu tantôt paraît entrer matériellement<br />

dans l’argument, tantôt non.<br />

Nous devons bien sûr remarquer qu’el<strong>les</strong> entrent quelquefois dans <strong>les</strong> syllogismes<br />

et <strong>les</strong> argumentations mêmes, alors que d’autres fois el<strong>les</strong> n’entrent pas<br />

du tout dans <strong>les</strong> argumentations mêmes, mais procurent cependant aux argumentations<br />

leur fermeté. 936<br />

L’erreur de Boèce vient, nous y reviendrons au chapitre suivant, de ce<br />

qu’il méconnaît la distinction entre lieu propre et lieu commun. Or il est conduit<br />

naturellement là du fait précisément de ne pas voir, dans le lieu, autre<br />

chose qu’une proposition portant sur la matière de la discussion. Il y a grand<br />

danger, en définissant sans nuance le lieu comme une proposition, de considérer<br />

par suite le lieu comme une prémisse de l’argument. On pourrait, à la<br />

rigueur, dire le lieu prémisse parce que ‘sélecteur’ de prémisses, ‘critère de<br />

choix’ de prémisses. Ce serait étendre le mot prémisse et lui donner un sens<br />

éloigné, comme lorsqu’on donne à la cause le nom de son effet. Mais le problème<br />

est que beaucoup ont vu le lieu comme une prémisse au sens le plus<br />

strict. C’est l’erreur que fait manifestement Thionville, bien qu’il l’exprime<br />

936Boèce, In Top. Cicer. comm., I, 2, 1051.<br />

334

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