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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

qu’elle n’est même capable que de cela uniquement 390. Non pas qu’elle soit<br />

parfaitement incrédule et ne se prononce d’aucune façon, comme le sceptique<br />

malveillant de la langue française contemporaine 391. Elle adhère avec beaucoup<br />

de force aux opinions que le commun lui fournit comme <strong>principes</strong> et aux<br />

conclusions qu’elle leur rattache. Mais elle garde toujours assez de crainte à<br />

leur endroit pour demeurer prête à rouvrir le débat sur demande. Aussi le<br />

dialecticien peut-il affirmer, plus étymologiquement, à la manière de Sainte-<br />

Beuve : « Je suis certes un sceptique résolu, et, par sceptique, j’entends<br />

examinateur autant que douteur. » 392 C’est à cause de cette totale<br />

incapacité 393, pour le processus dialectique, de sortir définitivement de son<br />

état d’investigation, qu’Aristote doit, fût-ce au bout de la discussion la plus<br />

apparemment exhaustive, prêter au dialecticien comme un flair spécial,<br />

d’heureuses dispositions de raison autres que dialectiques, pour qu’il puisse<br />

accéder au niveau de la connaissance de la vérité. Le dialecticien, dit-il, ne<br />

fait pas connaître strictement la vérité. Mais il procure un instrument précieux<br />

à celui qu’elle intéresse. En effet, quand il a accompli, lui, tout ce qu’il<br />

pouvait faire, à savoir présenter tous <strong>les</strong> arguments endoxaux en faveur et à<br />

l’encontre de la position, il ne reste plus qu’à juger si c’est elle, ou sa<br />

contradictoire, qui dit vrai. Mais ce jugement, ce n’est pas le dialecticien<br />

qui le porte. Du moins pas en tant que tel. C’est, plus généralement,<br />

l’homme doué d’une saine intuition, c’est celui dont le flair le porte<br />

naturellement à aimer le vrai.<br />

En vue de la connaissance et de l’intuition philosophiques, ce n’est pas<br />

qu’un petit instrument que de pouvoir et même d’avoir déjà embrassé d’un<br />

coup d’œil ce qui s’ensuit de l’une et l’autre supposition ; car il ne reste plus<br />

qu’à adopter correctement l’une d’el<strong>les</strong>. Toutefois, pour effectuer un choix de<br />

390« Socrates and the sophists seem then to agree on one point: questioning, by itself,<br />

cannot be used to bring to light knowledge of what is in question; at best, it shows for<br />

Socrates at least, that what is in question remains so. » (Meyer, 284)<br />

391« Le sceptique, qui ne croit à rien, n’a plus de base pour établir son critérium, et par<br />

conséquent il se trouve dans l’impossibilité d’édifier la science ; la stérilité de son triste<br />

esprit résulte à la fois <strong>des</strong> défauts de son sentiment et de l’imperfection de sa raison. »<br />

(Claude Bernard, Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, I, 2)<br />

392Sainte-Beuve, Correspondance, t. II, p. 340.<br />

393Voir supra, 41, 102.<br />

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