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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

après, le dialogue passe à un autre niveau d’interrogation. Car il va s’agir,<br />

pour le demandeur, de produire le plus possible de propositions qui, à la fois,<br />

emportent le mieux l’assentiment du commun et <strong>des</strong> sages, et permettent de<br />

conclure de manière à discerner si, effectivement, la contradictoire du<br />

problème d’abord choisie par le répondeur constitue la meilleure opinion à<br />

tenir sur le sujet. Alors, il ne s’agira plus du tout, pour le répondeur, de répondre<br />

arbitrairement ; il lui faudra au contraire juger correctement de ce qui<br />

s’accorde effectivement avec l’autorité commune. Voilà deux niveaux très<br />

différents dans la demande, comme le dit Aristote lui-même, indirectement,<br />

en signalant qu’autre et autre est la faute du répondeur, s’il répond mal en un<br />

cas ou en l’autre : « Car sans doute est-ce une faute différente de poser en<br />

premier ce qu’il ne faut pas et de ne pas garder comme il convient ce qu'on a<br />

posé. » 382 On voit comment cet aspect demanderesse () prépare la<br />

dialectique à constituer une universelle via inventionis 383. Car, si elle a<br />

toujours besoin, pour avancer, d’interroger sur chacun de ses <strong>principes</strong>, elle<br />

peut aussi, au premier stade de son questionnement, interroger sur n’importe<br />

quel problème éventuel et faire de n’importe laquelle de ses contradictoires<br />

position à défendre de manière tout à fait arbitraire, si ce n’est qu’il tendrait plus<br />

spontanément à défendre la contradictoire affirmative.<br />

382Top., VIII, 4, 149a22-24. Encore une fois, il ne s’agit pas là d’un caprice aristotélicien,<br />

mais d’une observation communément reçue de la situation dialogique. On trouve, par<br />

exemple, exactement la même vue chez Platon, manifestement concrétisée dans beaucoup<br />

de ses dialogues, comme en témoigne Robinson : « In Plato's early dialogues, (Socrates) is<br />

always putting to somebody some general question, usually in the field of ethics. Having<br />

received an answer (let us call it the primary answer), he asks many more questions. The<br />

secondary questions differ from the primary one in that, whereas that was a matter of real<br />

doubt and difficulty, the answers to all these seem obvious and inescapable. Socrates<br />

usually phrases them so that the natural answer is yes; and if you say anything else you are<br />

likely to seem irrational or at least queer. In other words, they are not so much requests for<br />

informations as demands for an assent that cannot very well be withheld.» (Robinson,<br />

Plato's Earlier Dialectic, 7 ; c’est moi qui souligne)<br />

383« <strong>La</strong> dialectique n’est pas seulement une discipline de cohérence dans le langage, ou<br />

un simple inventaire <strong>des</strong> opinions, mais bien une méthode de trouvaille. » (Le Blond, 46)<br />

Aussi chez Platon : « Le dialogue platonicien se présente ainsi comme une recherche de la<br />

vérité selon une méthode qui consiste dans l’application du logos, c’est-à-dire de la raison<br />

critique à une série d’opinions qui ne sont pas, du point de vue de Platon, de valeur égale. »<br />

(<strong>La</strong>france, 38)<br />

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