23.06.2013 Views

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

quoi serviraient <strong>les</strong> lieux eux-mêmes s’il fallait, à chaque discussion, <strong>les</strong><br />

parcourir un à un à tout hasard pour trouver auquel emprunter le meilleur<br />

argument ? Les rhéteurs latins, aux prises avec le même problème, se sont<br />

résignés à une relative inutilité <strong>des</strong> lieux, n’apercevant pas quels cadres rendraient<br />

la matière rhétorique parcourable. Quintilien, par exemple, respecte<br />

assez ses maîtres pour plaider l’utilité <strong>des</strong> lieux, mais son expérience d’orateur<br />

le force à <strong>les</strong> sentir comme un fardeau plutôt que comme une assistance.<br />

Écrasé par le caractère infini du champ rhétorique, il ne voit pas d’autre<br />

secours que de se tourner, hors de toute méthode, vers l’expérience et l’exercice.<br />

Les jeunes gens qui étudient doivent aussi se dire qu’ils ne peuvent pas<br />

trouver dans toutes <strong>les</strong> causes absolument toutes <strong>les</strong> formes d’argument que<br />

nous avons indiquées, et que, lorsqu’ils auront un sujet à traiter, ils ne doivent<br />

pas <strong>les</strong> examiner toutes successivement et aller pour ainsi dire de porte en<br />

porte, pour voir si, d’aventure, ils ne répondraient pas à la preuve que nous<br />

voulons donner… Infinie, en effet, serait dans ces conditions la lenteur de la<br />

parole, s’il était nécessaire que nous nous adressions à tous <strong>les</strong> lieux, et qu’un<br />

essai nous apprenne ce qui sied et convient à la cause ; peut-être même y aurait-il<br />

là une gêne, à moins qu’un heureux naturel et une facilité acquise par<br />

l’étude ne nous conduisent droit aux arguments qui conviennent à la cause en<br />

question. Le chant aussi gagne beaucoup à un accompagnement d’instrument<br />

à corde ; mais si, trop lente, la main du musicien doit interroger et mesurer<br />

toutes <strong>les</strong> cor<strong>des</strong> une à une, avant de trouver celle qui doit accompagner<br />

chaque son, il vaudra mieux se contenter de ce que la voix seule donne naturellement.<br />

Il en est de même <strong>des</strong> règ<strong>les</strong> (de l’art oratoire) ; <strong>les</strong> connaissances<br />

théoriques doivent guider, et, comme la cithare (pour la voix), soutenir l’éloquence.<br />

Mais il faut un long exercice pour arriver à l’habileté de ces grands<br />

artistes, dont <strong>les</strong> mains, conduites par la seule habitude, et même sans qu’ils<br />

regardent l’instrument, savent trouver sur <strong>les</strong> cor<strong>des</strong> <strong>les</strong> sons graves, aigus ou<br />

moyens ; de même la pensée de l’orateur ne doit pas être retardée par la variété<br />

et l’abondance de ces arguments qui devront pour ainsi dire s’offrir et se<br />

présenter à lui ; comme <strong>les</strong> lettres et <strong>les</strong> syllabes, lorsque nous écrivons, n’exigent<br />

pas de réflexion, <strong>les</strong> arguments devront, pour ainsi dire, spontanément<br />

prendre leur place dans le discours. 1099<br />

Quintilien n’a pas tort d’exiger, pour un usage efficace <strong>des</strong> lieux, le<br />

talent et l’exercice. Mais, dans la pensée d’Aristote, on n’épuiserait pas toutes<br />

1099 Quintilien, Inst. Orat., V, 10, #122-125. Trad. H. Bornecque.<br />

387

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!