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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

répondeur sur le demandeur. Tous deux, idéalement, savent au départ qu’il en<br />

est ainsi, et c’est d’un commun accord qu’ils décident tout de même de voir là<br />

un problème à investiguer. Il incombe tout bonnement au répondeur de<br />

choisir la position cible. Cela dit, on comprendra que la position initiale n’en<br />

devient pas pour autant sa position. Son intérêt résidera même, tout autant<br />

que celui du demandeur, dans la <strong>des</strong>truction de cette position, dans l’attaque<br />

la mieux montée contre elle 508. Le but leur est commun : faire la plus grande<br />

lumière possible sur ce qui devrait procurer l’opinion la plus raisonnable 509,<br />

et le chemin est le même : recueillir tout ce qui peut sauver de l’illusion que<br />

ce serait plutôt celle-ci, si de fait c’est l’autre 510. Le répondeur ne préfère<br />

donc pas la position initiale dès le début de l’investigation, ni ne l’adopte dès<br />

lors en son cœur. Bien au contraire, il lui reste indifférent et fera, de pair avec<br />

le demandeur, tout ce qui est possible pour la réfuter, confiant que c’est la<br />

voie par où se manifestera l’opinion à tenir : cette opinion sera la position<br />

508D’un bout à l’autre <strong>des</strong> <strong>Topiques</strong> et <strong>des</strong> Réfutations sophistiques, une expression<br />

constante pour rendre la fonction du répondeur est ÕÔ ı (Voir Top., I, 1, 100a20 et<br />

Réf. soph., 34, 183b5). On attendrait plutôt ÕÔ Ô, soutenir la position. De fait, on<br />

trouve Ì Ô, garder la position (Voir Réf. soph., 34, 183b5). Bien sûr,<br />

ı, on l’a vu, peut désigner autant cette œuvre de raison qu’est la position initiale que<br />

cette autre qu’est le raisonnement monté contre elle. Mais la manière dont, justement, le<br />

répondeur garde et défend la position se confond avec une assistance apportée au<br />

raisonnement qui l’attaque. C’est contre une <strong>des</strong>truction injustifiée que le répondeur défend<br />

la position et il le fait en assurant l’efficacité du raisonnement qui la détruit légitimement.<br />

Aussi peut-on, dans ce ı que le répondeur soutient, entendre tout autant le raisonnement<br />

assaillant que la position assaillie. Il le faut quelquefois, d’ailleurs, si on ne tient pas à<br />

réduire Aristote au pléonasme, quand il dit que la préparation dialectique doit nous rendre<br />

« à même, lorsque nous soutenons le raisonnement (ı), de garder la position (ı)<br />

par ce qu’il y a de plus endoxal » (« ≈ ı ÕÔ Ì Ô › <br />

Ì », Réf. soph., 34, 183b5-6). Platon parle de même, en disant du répondeur et<br />

du demandeur que l’un accorde et l’autre obtient ou reçoit la proposition (ı <br />

Ú Ô, Protagoras, 336c). Il enfonce encore davantage le clou en faisant obtenir à<br />

l’un (le demandeur) et accorder à l’autre (le répondeur) <strong>les</strong> moyens de mettre à l’épreuve la<br />

position ( ı Ì Ú ı, Protagoras,<br />

348a).<br />

509« N’est-ce pas, à ton avis, un bien commun à tous <strong>les</strong> hommes, que devienne tout à fait<br />

manifeste chacun <strong>des</strong> êtres en cela même qu’il est ? » (Charmide, 166d)<br />

510« Je n’ai pas d’autre motif que la crainte qu’éventuellement, à mon insu, je ne m’imagine<br />

savoir alors que je ne saurais pas. » (Charmide, 166d)<br />

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