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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

ment progressé dans l’examen proposé. Voilà un résultat prédialectique, typiquement<br />

probatoire 745.<br />

El<strong>les</strong> sont pratiquement innombrab<strong>les</strong> <strong>les</strong> occasions de tels pièges<br />

qu’Aristote suggère tout au long de ses <strong>Topiques</strong>. Il s’adresse alors en général<br />

au demandeur. Non pas que seul le répondeur soit éventuellement à mettre à<br />

l’épreuve. Mais, d’une part, parce que la fonction de répondeur est plus<br />

facilement occasion de se confondre avec la position initiale. Et, surtout,<br />

parce que, comme probateurs, demandeur et répondeur recourent aux mêmes<br />

stratagèmes, mutatis mutandis. Tout ce qui peut nourrir une attaque contre<br />

une position initiale constitue une matière à objection contre quelque<br />

proposition. Ce sont en effet <strong>les</strong> mêmes matières, selon <strong>les</strong> circonstances, qui<br />

interviennent comme positions initia<strong>les</strong> ou comme propositions, comme<br />

réfutations et comme objections. Cependant, il est <strong>des</strong> moments où Aristote<br />

munit directement le répondeur-probateur. On en a un bon exemple quand il<br />

renseigne le répondeur sur la façon d’accorder ou de refuser <strong>les</strong> propositions<br />

selon leur pertinence ou impertinence avec le propos. C’est ainsi qu’Aristote<br />

prescrit, quand la demande « est endoxale et non pertinente au raisonnement :<br />

on doit l’accorder en disant qu’elle est endoxale» 746. Voilà de quoi surpren-<br />

745C’est le thème rebattu de l’ignorance comme résultat de la dialectique. Toutefois, il<br />

s’agit strictement de la probatoire, qui n’est pas encore la dialectique en elle-même, mais y<br />

prépare. « L’ socratique, dont le résultat est justement le non-savoir, se voit cependant<br />

interprété par Platon … comme la prémisse de recherches entreprises dialectiquement.<br />

» (Lugarini, 52 ; c’est moi qui souligne) On pourrait en quelque sorte se représenter<br />

la science, la dialectique, la probatoire et la sophistique comme une déclinaison du savoir.<br />

<strong>La</strong> dialectique est déjà un cas (une , une chute) de la science, puisqu’elle ne fait pas<br />

savoir la chose, ne permet pas d’en concevoir une représentation certifiée conforme, mais<br />

fait simplement l’opiner, en approuver une représentation comme rationnelle, conforme aux<br />

règ<strong>les</strong> de la raison. <strong>La</strong> probatoire <strong>des</strong>cend davantage encore, qui ne porte pas directement ce<br />

jugement de rationalité sur la représentation de la chose, mais sur celui qui la défend ou<br />

l’attaque. Puis, la sophistique se tient au plus bas, ne réalisant rien de tout cela. « Moyennant<br />

leurs argumentations — écrivit [Aristote] — [<strong>les</strong> sophistes] “mettent en embarras<br />

même celui qui sait” et par ailleurs laissent dans l’ombre l’ignorance éventuelle de ceux<br />

vers qui ils se tournent. » (Lugarini, 55)<br />

746Top., VIII, 6, 160a1-2.<br />

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